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TETHYS DANS LE GROUPE DES BANKS, VANUATU TOUJOURS, GAUA OCTOBRE 2019

 


Nous voici dans l'avant dernier groupe d'îles du nord des Vanuatu, plus exactement dans l'île de Gaua
Partis à 5h30 de Santo, nous arrivons à midi sur la cote est de cette île, dans la baie de Pwetevut, devant le village de Tolau. Nous parcourons 50 milles en à peine 7 heures, dans des conditions super agréables, soleil et mer pas trop formée, d'abord au bon plein (reaching pour les jeunes) puis au grand largue... Dans la baie se trouve déjà un autre catamaran : Beachlands ! c'est amusant de la retrouver à nouveau. Dès que nous jetons l'ancre, 2 pirogues s'approchent. Un adulte seul dans son frêle esquif se présente à bâbord et me demande "avez vous du poisson ?" Sa question me bouleverse. Cet homme qui vit au bord de la mer ne pêche plus rien. Et le pire c'est que nous non plus, j'aurais tellement aimé lui offrir une prise toute fraîche. Je tâche de le consoler en lui offrant du riz, mais j'ai le cœur gros en le voyant partir. A tribord, Yves discute avec 3 enfants, Angela, Bruno et Max, environ 13, 12 et 6 ans. Ils sont visiblement habitués à la présence des voiliers, car ils sont venu un peu faire leur marché. Première demande  : de la colle pour réparer la pirogue qui fuit comme une passoir. Après examen Yves doit malheureusement certifier que nous n'avons rien pour la réparer. Alors Bruno demande un ballon de foot, Ah ! ça j'en ai... il m'en reste 2 sur les 6 que nous transportions. Et puis Angela de sa petite voix douce ajoute : et des cahiers ? Ok, j'en ai aussi et leur en offre 3 puis je leur donne congé en promettant que nous irons très rapidement à terre. On débarque donc sur la belle plage noire, à l'embouchure d'un rivière qui borde le village, caché du rivage -comme partout au Vanuatu- par de grands arbres. Ici vivent 25 personnes environ, soit 5 familles, chacune habitant au minimum 2 cases, celle ou l'on dort et celle où l'on fait la cuisine. Il y a peu d'hommes adultes, nous comprenons qu'ils sont en Nouvelle Zélande partis cueillir des fruits mais rentrerons dans quelques temps. Des cochons nombreux et bruyant vivent en semi liberté autour des maisons ce qui a pour inconvénient d'attirer les mouches. Un jeune type nous demande si nous aurions 4 piles pour sa lampe étanche : grâce à elle il pêche parfois des langoustes la nuit. Nous promettons de revenir, mais en attendant nous partons à l'aventure dans la forêt pour voir d'autres villages qu'on nous a vaguement indiqué. On se refait un petit coup d'Indiana Jones avec franchissement d'une rivière sur un tronc d'arbre, puis d'une autre sur un gué de pierres ultra-glissantes, cette fois on est tout seul pour trouver les passages et ça n'a rien d'évident. On s'est tartiné d'anti moustique et on compte sur notre bonne étoile, car ici sévit le paludisme. On arrive tout de même à repérer des chemins entre lianes et cocotiers et on tombe tout à  fait par hasard sur un hameau dans lequel doivent bien vivre 2 familles vue le nombre de cases. Mais on a beau appeler et roder partout, on ne voit personne. On peine à trouver un sentier dans la direction du plus grand village supposé exister, là bas, un peu plus loin... Les explications des Ni-Vanuatu sont toujours vagues. Quand on leur demande comment s'appelle leur village, le nom donné est souvent incompréhensible. Nous avons plusieurs cartes marines et un atlas, autant de cartes, autant de noms différents. Alors on tente notre chance,  "ici le village s'appelle Tolau ?", réponse "oui". Cinq minutes après on demande à quelqu'un d'autre "ici le village s'appelle Pwetevut ?", réponse "oui". Laissons tomber. Cela dit on progresse et d'un coup le chemin s'ouvre sur une case qu'on avait pas repérée, on la longe, on tourne le coin et on marche presque sur 2 femmes assises par terre en train de préparer un repas. Elles sursautent en nous voyant et le bébé installé à coté hurle de terreur, impossible de le calmer, on ne sait plus où se mettre. Mais les 2 femmes ne s'affolent pas, on explique qui on est, d'où on vient... je donne du lait en poudre à la maman pour me faire pardonner et sur ce, arrive un gars avec une machette. Heureusement que ce sont des gentils ! John se présente et se propose de nous faire visiter le village : le Lakanal, (case de réunions où l'on boit le Kava) l'église anglicane, la maternelle construite par les villageois, absolument magnifique et super bien entretenue. Pour la peine je laisse 3 cahiers et 3 stylos ... et pour John un pot de Nescafé pour nous avoir accompagné et remis sur le droit chemin afin de retrouver notre annexe. Je trimbale toujours plein de trucs dans mon sac à dos histoire d'amadouer les naturels. Non je galèje, nous avons fait des emplettes à Port Vila, justement pour faire des échanges, en particulier dans les Banks qui sont très isolées, avec des communications difficiles et peut être un seul magasin dans chaque île. En fait de droit chemin nous sommes sur une pente boueuse et glissante (déjà vu) qui doit nous amener à une rivière que nous devons traverser, puis la longer pour atteindre la plage, et retrouver Téthys (on espère) "Crrrross the Crrrreek" a dit John, facile à dire, on a de l'eau jusqu'à la taille et même plus ! C'est que j'ai mis une belle robe moi ! J'ai du mal à m'habiller. Au Vanuatu les femmes portent des robes au dessous du genou et ont les épaules et les bras couverts. Pas questions que je me trimbale légère et court vêtue dans les villages, alors je choisis mes "robes du dimanche" qui ne sont pas trop courtes, mais sans manche sinon j'étouffe. On retrouve notre annexe en effet, toujours à la même place à coté de la rivière où toute une kyrielle d'enfants sont en train de se baigner et de jouer. On plaisante, on prend des photos, puis tout à coup, sans qu'on demande rien, dix d'entre eux font "chanter la rivière". A Gaua existe un art rituel qu'on appelle "la musique de l'eau" Ce sont les femmes qui exécutent ce spectacle, à la fois une espèce de danse et un chant avec des percussions dans l'eau, toujours moyennant finances. Là les enfants spontanément se mettent à nous faire de la musique, pour le plaisir et pour nous seuls, un moment de ravissement inouï. Nous n'assistons sûrement pas à la meilleures des représentations, mais il y a tellement de joie dans leur prestation que ça vaut tout l'or du monde. 



Je souhaite les remercier et leur demande "Que préférez vous, des gâteaux ou des cahiers ?" La réponse fuse : "des cahiers" Pas un seul, même les plus jeunes ne vote pour les gâteaux. Je prends une bonne leçon. Nous partons donc à bord et pendant qu'on recherche cahiers et piles, un mec arrive en sifflant dans sa pirogue "Je m'appelle William, je suis désolé de vous déranger mais j'aurais besoin de 2 choses, ah mais ça me gène de demander!!" " et bien vas-y, demande, lui dis-je, si je n'ai pas, je ne donne pas.." "et bien voilà, c'est pour l'église, j'ai besoin de vin pour dire la messe" Et bien celle là, on ne nous l'avait jamais faite ! William n'a pas de chance, je n'ai que du rosé... et puis j'ai envie de le garder . Mais on va satisfaire à son autre requête : un bout de 12 mètres et en plus on donne de l'argent pour l'école... on est en train d'acheter notre paradis. Un peu traître, je lui suggère d'aller demander du vin à Shane à bord de Beachlands, il doit bien lui rester de la piquette néo-zélandaise...
Retour au village. Nous avons du succès avec nos cahiers et nos piles, Yves en a même apporté 8, le gars exulte et me dit "voulez vous des fruits, des légumes ?" A dire vrai j'ai un peu fait le plein à Santo, mais tout de même j'ai repéré de magnifiques fruits de l'arbre à pain et lui demande si je peux en avoir un. Il me regarde avec des yeux ahuris et sourit. La même tronche qu'a du faire le chef tahitien à qui le Capitaine Blight avait demandé des plants d'arbres à pain en échange de clous, verroteries et autres cochonneries, denrées ô combien précieuses à ses yeux. N'empêche,  Blight a eu ses plants et on connait la suite ; et moi j'ai eu mon fruit. Page culturelle. Le groupe des Banks tient son nom du botaniste britannique Sir Joseph Banks à l'origine de l'expédition de William Blight dont la mission était de récupérer des plants d'arbre à pain pour les introduire aux Caraïbes afin de nourrir les esclaves à bon compte. Ce même Capitaine Blight, à bord de la chaloupe dans laquelle on l'avait viré de la Bounty, a traversé cet ensemble d'îles et a trouvé le moyen d'être le premier à en calculer et en consigner précisément la position .
Et bien nous aussi on va faire comme Blight : nous allons calculer (enfin lire sur le GPS) et consigner précisément la position d'un récif annoncée comme douteuse sur les cartes.
C'est plus que douteux en effet car le récif qui monte de 50 mètres à 5 mètres de profondeur est placé à 1 mille à l'ouest de sa position réelle. Nous le cherchons car nous voulons absolument plonger dessus. En moins d'une demi-heure l'affaire est dans le sac et moins d'une heure après le début de nos recherches, nous sommes dans l'eau, à 30 mètres sous Téthys que l'on distingue parfaitement au dessus  de nous.  Le récif est très étendu, il y a des milliards de (petits) poissons de récif et nous sommes heureux d'admirer leur ballet coloré. Peu farouches, ils nous encerclent volontiers dans leur ronde multicolore. Et nous pouvons témoigner qu'il y a au moins 4 thons au Vanuatu, nous les avons vu nous roder autour.

PS: on a fait une vidéo de la musique de l'eau, en attendant qu'on la mette en ligne, voici un lien pour voir ce que ça donne


Nous avons à peine jeté l'ancre, que déjà les enfants nous tournent autour

Dans une petite clairière en bordure de mer, le village de Pwetevut

Dans une petite clairière en bordure de mer, le village de Pwetevut

La place du village, terrain de jeux

La plage en bordure du village, où nous débarquons

La place du village, terrain de jeux

Maison en construction

Maison en construction
PWEVETUT, village tranquille...
Un peu de confort quand même
Beaucoup d'enfants

La rivière longe le village

Beaucoup d'enfants toujours souriant

Presque le belle vie

Carrément la belle vie

Pwevetut coté jardins

Un vaste lakanal, sorte de maison pour tous....

Case-cuisine

Case-chambre

Ecole maternelle



Jeux pour les enfants de la maternelle

la salle de classe maternelle

On se rent à pied d'un village à l'autre

En traversant les rivières comme on peut

Cet arbre sert de pont

mais avec un bébé ce n'est pas facile

Alors on se fait aider

Et voilà, le tour est joué

La rivière comme la mer sont des terrains de jeux inépuisables

Cette enfant a beaucoup de plaisir...

à tirer un morceau de plastique avec sa gaule 

La musique de l'eau...


La musique de l'eau..., les enfants nous font spontanément une démonstration

Fin de journée paisible 

Franchement on a pas envie de partir

Petite plongée sur un joli récif au large du village

A 30 mètres de fond, on voit encore Téthys en surface

Le thon des Vanuatu

il y a de grandes étendues de corail, parfois un peu vide de poisson

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