Hop hop ! nous voici à
nouveau partis. Après une nuit passée dans une baie bien tranquille au nord de
Gaua, il nous faut 3 heures de navigation confortable sous spi assymétrique
pour atteindre l'île de Vanua Lava à 15 milles au nord. Et là, coup de tonnerre
! on a une touche sur la ligne tribord, pendant que Yves se précipite dessus je
dois ramener le spi toute seule, heureusement le vent faible rend la manœuvre
aisée sinon rapide. On met donc en panne, j'enroule la ligne de bâbord et Yves
commence un combat qui va durer une demie heure. Le vent nous fait dériver
devant un village et on a tôt fait d'avoir des spectateurs. 2 pêcheurs dans
leur pirogue viennent assister à la lutte, donnent des conseils, s'inquiètent
de voir Yves se bagarrer âprement, en laissant filer, puis en enroulant la
ligne histoire de fatiguer le poisson, je les sens totalement angoissés que
Yves rate son coup. Mais non, il est là, épuisé à l'arrière du flotteur : un
énorme thon jaune de 16 kilos. Notre plus grosse prise en 6 ans, je crois. Les
Ni-Vanuatu sont complètement excités, on ne peut les empêcher de monter à bord.
Le pasteur Nixon, et son acolyte Thierry perdent toute contenance. Tout de
même, je leur dis que nous allons prendre un filet pour nous et leur donner le
reste. Le deal a l'air de convenir, c'est tout juste s'ils ne nous arrachent
pas le couteau des mains pour couper le poisson en deux. Yves a eu le temps de
prélever un morceau de 2.5 kg environ (je vais faire des conserves) mais je
sens nos deux hommes vraiment fébriles, trop heureux de sauter chacun dans sa
pirogue avec un morceau de thon dégoulinant de sang, ils en flanquent partout à
l'arrière du bateau, c'est immonde. Tout de même nous sommes déçus car ces 2
hommes n'habitent pas le village devant lequel on a l'intention de mouiller, ça
m'aurait plut de faire un tel cadeau à la tribu avec laquelle on va rester 48
heures. Car l'endroit est superbe, la baie abrite la double cascade Sasara, qui
se jette dans la mer. On y arrive rapidement et à peine Yves a-t-il coupé les
moteurs qu'on entend siffler juste derrière le bateau. Un homme dans sa pirogue
nous interpelle en Français : "Bonjour, je suis Philippe le chef du
village, soyez les bienvenus" Ah,
ça commence bien, nous invitons Philippe à bord, erreur fatale. Philippe reste
tout l'après midi et commence une longue litanie. "Vous n'êtes pas
obligés, mais auriez vous des piles, du sucre, du lait, des cahiers, des
hameçons..." je fais court, mais il a une liste longue comme le bras et
entoure chaque demande de circonvolutions à n'en plus finir. "Et puis
demain on pourrait aller pêcher avec votre bateau, je connais un coin, on va
prendre plein de poissons..." Entre temps, Téthys se trouve entouré de
pirogues et je commence ma distribution : des chapeaux aux enfants, des
vêtements pour les filles et les mamans..., je promets davantage pour demain
quand nous débarquerons et on se met d'accord avec Philippe pour une partie de
pêche, départ à 8 heures tapantes, Yves ira les chercher sur la plage. La nuit
arrive, soudain tout le monde disparait, on souffle un peu. Mais pas longtemps
car Philippe revient et entraîne Yves pour une partie de pêche à la langouste.
Le lendemain Yves est
ponctuel, mais quelle n'est pas sa surprise, Philipe est accompagné de sa femme
Chelsy et de 6 "neveux" ; il faut donc faire 2 voyages pour ramener
tout ce petit monde à bord, qui aussitôt court partout, tripote tout, réclame
les cannes à pêche, des hameçons, plus de lignes... le capitaine peine à garder
son calme, tandis que moi, je monte la garde à l'entré du carré, car à part
Chelsy, je ne veux personne à l'intérieur, tous on les pieds et les shorts
mouillés d'eau de mer. Une fois tout le monde calmé et les rôles distribués, sous
un soleil radieux, nous commençons à tourner autour d'un récif qui remonte à 5
mètres sous la surface. Au bout de 20 minutes à peine, 2 lignes se tendent.
L'une tenue à la main par les enfants qui aussitôt tirent comme des bêtes sur
le fil et le pètent en 2 minutes, une belle ligne toute neuve avec un bel appât
flambant neuf que Yves venait de monter... l'autre, c'est la canne sur bâbord
que Yves accapare, car vue la frénésie de l'équipe il commence à craindre pour
le matériel. Bien lui en prend car il remonte assez rapidement un beau thazard
de 5 ou 6 kg. On ne le pèse même pas tant c'est l'anarchie à bord. Les ados se
jettent sur le poisson pour le trucider, foutent du sang partout, piétinent
dedans, maculent le pont et le cockpit. Voyant ma tronche, ils s'empressent de
nettoyer en balançant des seaux d'eau de mer de-ci, delà...Je ne peux pas me
fâcher, ils ont l'air tellement heureux, je distribue même des lunettes de
soleil à ceux qui paraissent gênés par la lumière éclatante. On tourne encore
presque une heure autour du récif, mais malheureusement nous ne pêchons plus
rien et revenons dans la baie des cascades. Nous avons rendez-vous avec Anne Marie
qui veut nous faire les honneurs du hameau qu'elle partage avec sa mère et ses
sœurs, situé à proximité de la cascade. Quelque soit l'endroit, le débarquement
est hyper risqué dans cette baie. Il y a toujours un peu de houle, des récifs
partout sur lesquels les vagues déferlent à marée basse, avec l'annexe il faut
slalomer entre les patates qu'on devine à peine car l'eau est trouble, avant d'arriver sur une plage en pente sur
laquelle il faut hâler le Zodiac en tirant-poussant-soulevant car les roues
s'enfoncent dans le sable mou. Bref on ne fera pas cela 10 fois, même si la
balade est belle et que Anne marie, ses sœurs Gwendoline et Emma et leur mère
Liliana sont extrêmement agréables et accueillantes. Je suis content de leur
laisser des vêtements, même mes petites robes les intéressent, les équipages
donnent plutôt des tee-shirts, alors des robes ou des chemisiers, ça leur plait
bien et curieusement ici les femmes sont beaucoup plus décontractées question habillement. Un hameau ou un petit village peut rassembler
une quinzaine de maisons mais seulement 3 familles, chacune ayant au minimum 3
à 4 habitations : case cuisine, case parents, case enfants ; pour certains
cases filles et cases garçons... ici ce n'est pas la place qui manque. Beaucoup
vivent par terre sur des nattes, mais certains se fabriquent des lits en bois
et même des tables et des bancs. Nous terminons la journée par une petite
cérémonie organisée par Philippe et Chelsy qui nous accueillent chez eux, nous
chantent une chanson de bienvenue et nous propose un repas de crêpes fourrées
au thazard et papaye chaude au lait de coco...Philippe s'incruste encore à
bord, cette fois il veut regarder un film (rien qu'un dit-il...) Comme il vient
avec son beau frère Gordon anglophone, nous regardons ensemble Captain Philips
en anglais. Philippe ne comprenant pas tout, Gorgon explique en Vatrata (la
langue de la communauté). Tout cela fait
une joyeuse cacophonie, j'ai du mal à suivre, heureusement que j'ai déjà vu le
film. De plus, Calvin un neveu francophone qui est venu lui aussi, est chargé d'écoper la pirogue toute les 30
minutes environ, sinon elle coule. Alors on arrête la vidéo pendant chaque
opération, ça rallonge quelque peu la séance. J'ai servi des bières aux
messieurs, un chocolat à Calvin, je les sens bien à bord et il faut que
j'insiste beaucoup sur notre départ prévu tôt le lendemain matin pour qu'enfin
ils se décident à quitter les lieux. Mais nous ne dégageons pas encore assez
tôt, Gordon revient au petit matin pour demander un cordon de charge pour son
téléphone et Philippe a besoin d'allumettes, il est vraiment temps qu'on prenne
la poudre d'escampette ; appareillage immédiat pour Ureparapara.
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Pêche à la langouste avec Philippe |
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La superbe double cascade de Sasara |
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La superbe double cascade de Sasara |
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Lessive à la cascade |
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Gwendoline devant ses 3 cases : cuisine, chambre enfants, chambre parents |
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sa sœur Anne Marie avec son fils |
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Petite fille d'Anne marie qui veut toujours qu'on la photographie |
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Petite fille d'Anne marie qui veut toujours qu'on la photographie |
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Celui là aura goût de noix de coo |
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le potager de Liliana |
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maison de Liliana |
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Quelques uns de ses petits enfants dans la cuisine |
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Nasse pour conserver les crevettes d'eau douce |
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Cuisine de Liliana |
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ça mijote dans le fond de la cuisine |
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Quelques uns de ses petits enfants de Liliana |
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Une fois n'est pas coutume,,Gwendoline la femme regarde.... |
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les hommes travailler |
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ils fendent les bambous pour ls transformer en lattes
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Dîner chez Chelsy et Philippe |
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Le quai de la capitale Sola |
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Le quai de la capitale Sola... ne sert plus tellement...
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Sola, capitale des Banks et des Torrès, la station service/épicerie |
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Le bar à kava, incontournable dans chaque village d'importance |
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