Comme nous avançons plus vite que prévu, nous risquons d'arriver en 5 jours en Nouvelle Zélande.
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ça pulse... d'accord ça en fera sourire certains, mais nous on trouve que ça va vite... |
Or j'ai pris des provisions
pour une semaine, me voici donc en train de cuisiner pour absorber tous les
fruits, légumes, laitages, fromages et œufs que nous n'avons pas le droit
d'importer en NZ.
Je commence par un clafoutis : assise par terre, plats et
ingrédients calés entre les jambes, j'arrive à faire le mélange, j'enfourne...
et horreur, le plat entame une danse de St Guy, la pâte éclabousse toutes les
parois ... Impuissante je regarde la catastrophe en direct, tout ce que je peux
faire c'est mettre le four à fond pour que le mélange se solidifie le plus vite
possible, si j'ouvre la porte, je vais recevoir le plat sur les pieds...
Résultat, un très beau gâteau dentelé et 2 heures de frotti-grattage, à genoux,
la tête dans le four, heureusement que je n'ai jamais le mal de mer...
Clafoutis buissonnant |
La houle finit par mollir et
le dernier jour je peux transformer mes restes de fromages et légumes en
diverses préparations sans anicroche. Dès le matin du 9 novembre nous
apercevons la côte malheureusement dans la brume, les caps et les îlots
s'égrènent : Cap Karikari, île
Motukawïti, île Tikitiki et enfin s'ouvre l'immense Baie des Îles qui nous
conduit par la rivière Waitangi jusqu'à la Marina de Opua où nous attendent des
officiers de la Douane et de la Biosécurité.
Il faut montrer patte blanche pour entrer en
Nouvelle Zélande. Au moins 48 heures avant on doit prévenir par courriel en
envoyant un dossier comprenant tous les renseignements sur le bateau et sur
nous et indiquer le jour et l'heure (et oui !) probables de notre arrivée.
Evidemment le jour effectif de l'arrivée on est tenu d'appeler par VHF pour
confirmer qu'on est bien là... ça peut être à n'importe quelle heure, n'importe
quel jour et attention, dans chaque port autorisé à accueillir des étrangers se
trouve un ponton de quarantaine auquel on doit vite s'amarrer et ne plus bouger
un cil en attente des autorités qui en général ne tardent pas trop.
Mais il y a loin de la
lettre aux actes. Dans les Évangiles de la Biosécurité se trouve entre autre
une liste longue comme le bras de denrées non importables ou dites "à
risques". ça commence par tous les
fruits, légumes et viandes frais ou congelés, en passant par le miel, les
conserves maison, jusqu'au coquillages, os de baleine et objets sculptés en
bois.... Il est même spécifié qu'on ne doit pas avoir de fourmis, de termites
ou de cafard à bord. Moyennant quoi on imagine que le bateau va être fouillé de
fond en comble. Et bien non, l'inspecteur pour la biosécurité se contente
d'ouvrir notre réfrigérateur - pratiquement vide. Bien en évidence j'ai disposé
une brique de lait et du beurre "Anchor" (marque NZ), ça lui plait,
il referme. A tout hasard il ouvre un coffre à vivre et regarde un paquet de
purée en sachet australien.... pareil, ça doit lui plaire, il referme aussitôt,
j'ai eu peur pour ma boite de pâté Henaff, juste à coté.
Mais pire encore, toujours
dans la même bible il y a une longue tirade concernant les eaux usées et en particulier
l'évacuation des WC " Il est illégal
de vivre à bord de votre bateau sans posséder un système de traitements des
eaux sales, ou un réservoir pour les conserver" On s'attend donc à ce que nos WC soient scellés et qu'on
nous demande d'aller immédiatement acheter des toilettes portables. Et bien il n'est
question de rien.
On ne cache pourtant pas
qu'on a l'intention de naviguer un moment dans les parages...
Bref nous avons bon à notre
examen d'entrée, le seul hic c'est que j'ai oublié de faire une demande de
visa, nécessaire pour une durée de séjour supérieure à 3 mois. Faut que je m'en
occupe rapidement, j'espère que ça va bien se passer.
Après 2 heures passées au
ponton de la quarantaine, nous sommes priés de dégager. J'ai demandé une place
à la marina de Opua, mais il n'y a plus rien : du 9 au 17 novembre se déroule
ici un grand festival nautique avec entre autre la présence de répliques de
grand voiliers comme l'Endeavour du Capitaine Cook, (vu à Brest il y a quelques
années). Là, on se retrouve un peu comme
à Nouméa, "débrouillez vous vous-même et ça ne va pas être facile"
En effet, non seulement les
places éventuellement libres sont rares, mais le fond vaseux ne convient
absolument pas à notre ancre Delta...Deux tentatives pour mouiller se soldent par des échecs, à chaque fois Téthys
dérive lentement dans le courant, menaçant rapidement de heurter un voilier, vu
qu'il y en a partout. Il faut se décider à mettre notre deuxième ancre, une
Fortress, mais quel boulot ! il faut trimbaler des kilos de chaîne et de bout
depuis Téthys jusque dans l'annexe, puis ensuite avec le pneumatique transporter
l'ancre pour la jeter dans un endroit idoine. Cela nous prend 2 heures et Yves
est quitte pour un bon mal de dos qui le handicape fortement.
Ensuite le stress retombe
nous sommes comme anéantis, envoûtés pas le silence et l'immobilité du bateau
on se contente de regarder le coucher du soleil rosir la rivière. C'est la fin
du sixième voyage de Téthys.
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Coup de roulis, Yves est projeté en bas de l'escalier tribord et emporte avec lui la main-courante |
Et oui, j'ai comme une âme de médiawoman
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