Atmosphère étrange sous les fumées australiennes |
Chaque matin le Kiwi moyen doit se
poser la question suivante "je choisis quoi aujourd'hui ?
Me cailler toute la journée ou crever
de chaud du matin au soir ?"
Car enfin, c'est le dilemme ici, le
climat est vraiment bizarre, au soleil on cuit littéralement, mais au vent il
fait un froid de canard.
Alors il faut sans arrêt mettre et
enlever des couches de vêtements ou comme les Kiwis aguerris choisir entre deux
maux et vivre avec. Et d'ailleurs dans la même rue on peut voir côte à côte des
femmes en robes d'été, d'autres avec des bottes fourrées...
N'empêche que le vent est drôlement
gênant pour bricoler dehors. Je passe de
l'huile de lin sur le liston grimpée sur une échelle. Je ne peux pas lâcher mon
pot rempli d'huile car il s'envole aussitôt.
De la même façon l'échelle est balayée par le vent si je ne suis pas
dessus, Deux fois elle est tombée, j'ai vu son ombre bouger à temps pour
m'échapper en courant, sinon je la prenais sur la tête.
Nous vivons dangereusement... En vélo sur la
route, le vent nous déporte allégrement, vu que les voitures et surtout les
gros poids-lourds nous frôlent en nous doublant, je ne me sens pas bien. En fait j'ai vraiment
hâte qu'on soit sur l'eau, c'est beaucoup moins risqué.
Dans 4 jours nous y sommes, le compte
à rebours commence, bien sûr on panique, on a entrepris tellement de trucs, ce
bateau quand on le vendra sera un vrai petit bijou.
Petit à petit Yves a corrigé toutes
les erreurs et défauts de construction .
Depuis 2016 il projetait de refaire les cloisons des quatre cabinets de
toilette. Mais c'était un tel gros chantier qu'on a jamais trouvé le temps ni
le courage de l'entreprendre. Et bien cette fois c'est fait, après moult
poussière, une perceuse mise en rideau, d'autres outils bizarres rachetés et
beaucoup de jurons, de plaies et de bosses, nous avons un bateau presque neuf,
en tout cas, mieux fini qu'à la sortie du chantier il y a 22 ans.
A 16 heures le soleil commence à se voiler |
Tout devient orange, le ciel est menaçant |
5 janvier vers 16 heures, le
soleil se voile bizarrement, le ciel devient orange, puis un crépuscule bizarre gris orangé
se met en place : nous sommes envahi par la fumée des incendies du sud ouest de
l'Australie à 2600 km d'ici. On ose à
peine imaginer ce qui se passe sur place. J'espère que ça ne va pas durer, je
peux vous dire que même ici c'est très impressionnant, cette nuit qui tombe à
17 h alors que d'habitude il fait jour jusqu'à 21 heures....
Heureusement tout s'arrange très vite
et le fort vent aidant, les fumées disparaissent en moins de 24 heures , le
ciel retrouve ses couleurs. Ce vent violent commence à nous taper sur le
système, même les Kiwis pourtant flegmatique s'inquiètent et imputent ce drôle
de temps aux incendies australiens.
Les derniers jours au chantier passe
à une vitesse folle, nous travaillons de 7 heures du matin à 21h, chaque jour
on barre des tâches sur la liste, mais il en reste toujours trop et bien sûr on
en remet des couches.
Par exemple on décide de changer la
balancine. Depuis 2013 on trimbale une balancine de rechange, bien emballée
dans un beau sac NEB (Nautisme en Bretagne) offert par Philippe lors de notre
départ de Brest. Il est bien rangé à
fond de cale tribord. Je l'exhume à chaque grand ménage, c'est à dire quand on
est à terre.
Quand Yves donc dit vouloir faire l'opération,
je me précipite vers la cale . Je râle un peu quand même car le flotteur est
tout propre parfaitement rangé, il faut que je déménage 50 kg de bazar pour la
récupérer, mais bon j'y vais. Et quand j'ouvre la cale, là tout au fond où le
sac a passé 6 ans il y a un vieux gonfleur de Zodiac. Alors là, je suis
éberluée, je n'arrive pas à y croire.
Yves s'énerve un peu alors je
retourne toutes les cales de tous les flotteurs, réduisant à néant les heures
que j'ai passées à tout bien ranger. Je suis verte. Puis quand même au bout d'une
journée me vient une idée : et si j'allais bêtement chercher dans la soute où
se trouvent tous les cordages. J'y suis allée et elle y était, dans son beau
sac bleu et blanc... Et oui Alzheimer me joue des tours, je n'ai aucun souvenir
de l'avoir déplacée et pourtant je l'ai fait,
sans doute en arrivant ici dans une intuition prémonitoire ...
Fiers d'avoir changé la balancine, on
décide ensuite de changer les lazy jacks. (les bouts qui retiennent le lazy bag
qui sert à ranger la grand-voile- désolée je ne crois pas qu'il y ait de mot
français pour ce truc)
A chaque fois il me faut monter Yves
en haut du mât à force de manivelle de winch... ça prend un temps fou, mais ça
fait les muscles et après ça je dors bien...
On doit être mis à l'eau un matin de
bonne heure, (à cause de la marée) on apprend qu'on va nous déplacer la veille
pour nous mettre juste à coté de la rampe de mise à l'eau .
Vite il me reste une journée pour
récurer le pont du bateau couvert de crasse noire. J'y passe plus d'une demie
journée, pendant que Yves se penche sur les branchements électriques.
Pour naviguer nous utilisons un écran
Ray-Marine, dit multi fonctions, installé dehors au dessus de la barre. Cet
écran nous indique tous les paramètres nécessaires : positions GPS, route,
profondeur, vent...etc. Sauf que le dit écran est tombé en rideau au Vanuatu et
que nous avons du le donner à réparer ici et que il n'est toujours pas prêt....
Il va donc falloir s'en passer, heureusement nous avons toujours à l'intérieur
du bateau un autre appareil appelé Humminbird qui fait un peu la même chose et
n'est jamais tombé en panne depuis que Yves l'a acheté pour le Cap Camarat en
2000 !
Donc on compte sur lui, mais il nous
fait une crise de vieillesse lui aussi et n'affiche plus notre position GPS et on est à l'eau dans 24 heures.
Là, la tension monte.
Enfin on va rester plusieurs jours
dans la rivière devant le chantier, on pourra peut être réparer d'ici là.
![]() |
la mise à l'eau |
A 8 heure vendredi 10 nous sommes à
l'eau. Yves démarre le moteur bâbord, puis le tribord qui ratatouille et il
faut le couper rapidement car il n'y a pas de refroidissement, la pompe à eau
ne fonctionne pas .
Ah l'horreur nous flottons , mais la
marée baisse et ça ne va pas durer.
ça jure dans la cale moteur ! moi je
me planque et j'attends les ordres, finalement après avoir sortis TOUS les
outils, démonté 36 trucs et surtout utilisé de l'air comprimé, à 10 heures Yves
parvient à démarrer ce foutu moteur, ouf on est parti, il est grand temps il ne
doit rester que quelques centimètres d'eau sous les quilles...
Mais au fait le sondeur ne fonctionne
pas ! Dans la panique Yves a oublié de
le rebrancher, on ne peut pas mouiller sans connaitre la profondeur. Encore un
moment de stress car Yves doit déménager toute une cale pour mettre le sondeur
en branle pendant que je maintiens le bateau face au vent dans le courant au
milieu du chenal sans rien voir devant à cause du matériel empilé sur le
pont...
Enfin tout rentre dans l'ordre, on
arrive à jeter l'ancre en bordure du chenal dans 4 mètres d'eau. ET Yves trouve
la panne du Humminbird, en fait juste une erreur de branchement, cette fois on
a un GPS, tout s'arrange presque.
Je veux consigner ces premiers instants
de navigation dans mon nouveau journal de bord bien rangé dans la table carte.
Je le prends, l'ouvre et suis aussitôt envahie de fourmis... horreur il y a une
mini fourmilière dans les pages centrales de mon cahier. Alors là pas de
quartier, avant que les braves petites bêtes n'envahissent le bateau et
installent leur fourmilière ailleurs je bombarde le cahier d'insecticide, on
est a moitié asphyxiés mais tant pis.
J'espère que cette cascade
d'enquiquinements va cesser. Dans 48 heures nous accueillons Annette, Monique
et Pierre. Le hublot de la cabine
d'Annette n'est toujours pas remonté (il fuit) et nous n'avons toujours pas
vérifié que le dessalinisateur fonctionne ...
On croise les doigts, en tous cas on
espère quitter Whangarei le plus vite possible et naviguer le long de la côte
nord -est de la Nouvelle Zélande.
A bientôt donc pour de nouvelles découvertes.
Bravo pour le travail effectué pendant ces mois de chantier! Tethys est magnifique!
RépondreSupprimerbonne nav et bises à tout l'équipage! chantal/Philippe