Tethys à RiverSide Drive marina, Whangarei |
Exactement 1 mois jour pour jour après notre arrivée
à l'île de Mercury, le samedi 25 avril,
nous larguons les amarres et faisons route vers Whangarei.
78 milles nous séparent de l'embouchure de la
rivière Hatea ; nous les parcourons en 10 heures, avec un vent portant soutenu
et sous un magnifique soleil.
On vient donc mouiller en soirée dans la baie de
Calliope, à l'entrée de la rivière Hatea qui mène à Whangarei.
Fini la tranquillité : une bonne dizaine de voiliers
se partagent la partie la mieux abritée de la baie. On retrouve un trimaran
hollandais croisé à maintes reprises et que nous avions rencontré pour la
première fois au chantier Norsand en décembre dernier et bien d'autres encore.
On s'installe quand même pour la nuit.
Le lendemain matin les Hollandais nous haranguent
depuis leur trimaran : "cette nuit vous avez failli nous aborder, votre
bateau est mouillé trop près du nôtre. On a vous a appelé, essayé de vous
réveiller avec des projecteurs... il faut que vous partiez."
Autrement dit quand les Gladu dorment, c'est pour de
bon, nous ne nous sommes aperçu de rien. Il ne nous parait pas évident que nous
soyons trop près d'eux, mais dans ce cas de figure, il vaut mieux ne pas
insister et choisir d'obtempérer.
On prend notre temps quand même car l'occupation du
jour consiste à contrôler notre sac de survie et notre plan d'évacuation.
On a un peu honte de le dire, mais pour la première
fois depuis 10 ans on se met en situation de naufrage, merci le confinement.
On revoit nos procédures, cela nous permet de déterminer
dans quel ordre il faut faire les bons gestes... Sachant qu'on escompte quand
même un peu que Téthys ne coulera pas en une minute, sinon c'est chaud !
Bref vers midi on quitte les lieux, on part de
l'autre coté de la baie où l'on est finalement très bien abrités, tout seul. On
entend un peu le bruit de la raffinerie de l'autre coté de la rivière, mais
c'est surtout le chant des oiseaux qui domine. Des petites hirondelles viennent
nous tenir compagnie sur les filières.

Entre-autre matériel de survie, nous avons prévu
depuis toujours des lignes à pêche stockées à coté du canot de survie. Après 10
ans de stagnation dans le coffre prévu à cet effet, les hameçons sont tout
rouillés, inutilisables, les planchettes autour desquelles les fils sont
enroulés sont pourries...
Autant de détails qui montrent qu'on aurait l'air
malin si on devait compter dessus.
Alors Yves refait tout, ça prend vraiment du temps
(vive le confinement) en particulier il découpe de nouvelles planchettes, qu'il
enduit minutieusement d'époxy, un vrai travail d'orfèvre.
Nous restons en contact avec Valérie et Louis
Michel, Amen est le seul bateau resté sur place à Mercury. D'avoir été proches
et presque soudés pendant l'adversité a créé des liens entre nous. On a prévu
de se revoir aux Marquises.
Au fur et à mesure que les heures passent nous
devenons presque anxieux à l'idée de retrouver la (presque) vie civilisée.
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Retour dans la rivière de Whangarei |
Mais bon faut pas croire que c'est la fête du slip
pendant le niveau 3 du déconfinement.
On peut maintenant avoir accès à d'autres denrées
que celles considérées comme indispensables (nourriture) mais on n'a toujours
pas accès aux magasins.
Par exemple Yves a besoin d'outils à acheter chez le
Castorama local : Mitre 10.
il faut acheter en ligne, un rendez vous nous est
donné pour le surlendemain avec plage horaire bien définie.
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Le petit carton est déposé sur le parking handicapé |
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Yves le prend et disparait |
On se présente : un carton est déposé à notre
attention sur le parking, à 30 mètres de l'entrée où se trouvent 3 vendeurs sur
la défensive, on ramasse le carton à terre et vite, vite on se sauve en
pédalant à toute pompe !
Pour les magasins qui n'ont pas de site et/ou de
courriel, on peut appeler par téléphone ou se présenter à tout hasard, c'est
encore plus folklo.
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On n'entre pas dans les magasins |
L'entrée est barrée par des panneaux et une table.
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entrée interdite |
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On hèle vendeur qui reste dans sa boutique |
On crie au vendeur (qui reste dans la boutique) ce que l'on veut..et on le paie
immédiatement par téléphone en donnant notre numéro de carte de crédit qu'il
tape frénétiquement en direct sur son terminal.
L'utilisation d'argent liquide est strictement
interdite. Celle de gants et de masque est optionnelle.
La chaine de super marché Countdown, l'équivalent de
notre Carrefour national diffuse des infos sur le comportement des consommateurs.
Ainsi le manque de farine (qui a duré quelques jours seulement) n'était pas du
à la goinfrerie des Kiwis, mais au fait que les familles s'en sont servi pour
faire de la pâte à modeler afin d'occuper les enfants.
Autre info : en 2 semaines les kiwis ont acheté
suffisamment de rouleaux de PQ pour faire 12 fois le tour de la terre.... Tout
est rentré dans l'ordre, les rayons sont à nouveau remplis et y'a du stock nous
dit on.
Il y a quand même quelques soucis de ravitaillement
dans divers domaines; les shipchandlers notamment ne font pas de stock et
commande au fur et à mesure de nos demandes.
Tout ou presque vient d'Auckland et de sa région,
quand ce n'est pas carrément de l'île du sud. Résultat la poste et toutes les
compagnies de transport sont totalement débordées, il faut compter entre 4 et 7
jours pour faire acheminer un colis depuis Auckland, distante de 150 km...
Bref nous sommes coincés ici à attendre nos colis.
Nous avons donné l'adresse de la Marina Riverside, où nous avions laissé le
bateau en février dernier.
Pendant une semaine on va tous les jours les voir
(déplacement en annexe + vélos, pas simple). La marina affiche complet, mais un
matin, soit lassé de nous voir apparaitre tous les jours, soit ému de nous voir
arriver transis-trempés sur nos petits vélos, le patron nous trouve une place :
marée haute, ponton privatif |
sur un ponton à part, devant le bar/bureau de la Marina.
Le bar est fermé comme tous en NZ |
Le ponton a de la
bande, à marée basse on touche la vase, mais nous avons pour nous seuls toute
la terrasse du café puisqu'il est fermé en ce moment. On est très bien.
Terrasse du petit "Kafé" pour nous tout seuls |
On prend des douches chaudes, un luxe bien appréciable
en automne et je fais un certain nombre de lessives, ça ne fait que 6 semaines
que ne n'ai pas vu une machine. Peut être que ça sent le coyote dans le bateau,
mais on ne s'en aperçoit pas.
Pour cause de budget on ne reste que 3 nuits. On
récupère 2 paquets, il nous en manque encore un...
Héron sur la vase derrière Tethys à marée basse |
On commence vraiment à ronger notre frein. Il fait
froid, gris, humide, plus que jamais on rêve de cocotiers.
On vient de se rendre compte que le niveau 3 du
confinement interdit toujours la navigation de plaisance. Autrement dit on
n'aurait jamais du partir de Mercury. On est arrivé ici comme des fleurs,
heureusement que nous n'avons pas croisé les "coastguards", on aurait
pris une forte amende...
Mais cela veut dire que nous ne sommes pas autorisés
à bouger, donc à quitter le pays avant que soit proclamé le niveau 2, le 11 mai
en principe.
On attend que ça bouge aussi en Polynésie, les
frontières étant toujours fermées pour l'instant.
On vous souhaite une joyeux déconfinement, tel qu'on
le voit arriver, on sent bien que ça va être une belle pagaille en France...
Amusez vous bien
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