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Opua/Raivavae. Distance en ligne directe , 2120 milles

Albatros
Départ en douceur de Paihia le 30 juin à 13h30 avec une escorte de dauphins au sortir de la baie des îles, puis un albatros qui vient nous saluer quand on atteint la haute mer, un gros goêland comme dit Jules. ça ne va pas fort pour lui... la grosse houle du large, la marche au vent arrière avec 20 nœuds de vent imprime à Téthys des mouvements qui ne conviennent pas du tout à son estomac. Jules est à fond de cale depuis le départ, il n'a rien pu avaler (peut être une tasse de thé ?) en deux jours. Je m'inquiète de lui, il refuse tout, même les fruits ou un jus d'orange. je ne voudrais pas jouer les grands mères protectrices et ne me permet pas d'aller dans sa couchette voir dans quel état il est. J'envoie Yves jeter un œil de temps en temps. On aimerait bien qu'il retrouve la forme, pour lui même bien entendu et pour nous, qui rêvions de dormir plus grâce à un équipier... 
8 mois en Nouvelle Zélande
8 mois en Nouvelle Zélande
Dès le départ l'ambiance est donnée
Le 3 juillet on remonte vers le nord pour éviter des vents trop fort. Peikea en fait autant, mais part de beaucoup plus sud et bizarrement ne semble pas aller beaucoup plus vite que nous. Yves a ramassé 2 calmars sur le pont, que je vais faire à la catalane bien entendu .
 Je pensais donner des nouvelles régulièrement pendant la traversée, mais très vite on s'aperçoit que notre crédit iridium est nettement insuffisant, en 3 jours Yves en consomme plus du tiers, les fichiers GRIB prennent trop de data. Il va falloir nous cantonner à quelques nouvelles de temps en temps, de façon très concise.
Prise premier ris
 Nous atteignons le parallèle 180, et passons en longitude ouest ; du coup nous reculons d'un journée. Le vent en profite pour monter dangereusement et brusquement, avec une pointe soudaine à 48 nœuds. Il est plus que temps de prendre un deuxième ris. Yves s'empare de la barre car la mer est très grosse et Jules et moi sommes à la manœuvre. Quand on a finalement réussi à brasser la voile, je tire sur le deuxième ris, sous les cris habituels de Yves "vas-y, vas-y..." sauf que j'y vais tellement bien que toute la bosse de ris m'arrive dans les mains.... le nœud qui le maintient à la voile n'a pas tenu . On n'a pas le choix, il faut réduire, alors on installe le 3ème ris.
4 juillet mi-parcours
 Dans la bagarre on finit par casser une latte qui se brise en tapant sur le hauban de bâbord. Pour éviter de déchirer la voile on l'enlève. Malgré les 3 ris, on continue à surfer à 10 nœuds, le vent se maintient à 40 nœuds toute la nuit avec une pointe à 53, on n'en mène pas large. Jules est plus que jamais malade, Téthys bondit et craque pendant 2 jours sous allure portante, ça va plutôt bien, mais au bout du 4ème jour tout se gâte. 
Poisson volant au menu
Le 6 juillet le vent passe à l'est puis au nord, on doit tirer un bord vers le sud sous une allure extrêmement inconfortable , puis un autre bord vers le nord qui nous fait carrément reculer... En 24 heures on avance de 21 milles vers l'est pour 190 milles parcourus, le moral baisse, Jules toujours aussi malade, on ne le voit presque plus, que le midi pour un repas ultra rapide...

 Yves trouve un moyen pour conserver un deuxième ris dans la grand voile.
Le carré un peu sens-dessus-dessous
 Cela nous permet de bien avancer sans prendre de risque, avec un vent apparent de 31 nœuds. Mais la mer très formée nous secoue en tous sens, on embarque des tonnes d'eau, sur le pont, dans le cockpit, parfois j'ai l'impression que le bateau va se démantibuler. Les puisards bâbord et tribord se remplissent d'eau et nous devons pomper deux à 3 fois par jour. Le fusible de la pompe tribord saute régulièrement et nous nous apercevons que la pompe à main placée dans le cockpit est difficilement accessible, qu'il faut lever la table pour l'actionner, un truc débile quoi, faudra qu'on voit cela de plus près à l'arrivée ; on croise les doigts pour ne pas avoir une voie d'eau trop importante. 
ça pulse
7 et 8 juillet, on continue à se faire secouer comme des pruniers, on ne peut dormir, de jour comme de nuit tant ça tape, je pense que le bateau fatigue, je ne suis pas rassurée, nous deux aussi d'ailleurs commençons à fatiguer. Le vent nous pousse maintenant à fond plein est, alors que nous souhaiterions commencer notre remontée vers le nord. Pendant 2 jours, comme sur des rails, nous caracolons exactement sur le 30ème parallèle, j'ai l'impression que Téthys va exploser à chaque vague, si bien qu'on prend le 3ème ris dans la grand voile. 
A partir du 9 juillet, on infléchit légèrement notre route vers le nord, le vent descend à 20 nœuds, nous enlevons le 3ème ris; ça bouge toujours trop pour faire un semblant de cuisine. J'arrive tout de même à cuire des patates douces à la vapeur, avec du fromage et des pommes, ça remplit l'estomac. Le 10 juillet, nouvelle dégradation: des pluies d'une violence inouïes s'abattent sur le bateau, la mer est en furie,
 on n'y voit pas à 40 mètres.
Celle là semble vouloir nous engloutir
 Manœuvrer sous ce déluge est un vrai cauchemar, on a beau déborder la grand voile à fond, Téthys continue à faire des bonds. Comble de malheur, Yves détecte à l'AIS quatre "esquifs" bizarres. On ne distingue rien sur l'eau mais on suppose qu'il s'agit de DCP (Dispositif de Concentration des Poissons) qui dérivent doucement. On les voit sur l'écran qui s'approchent dangereusement de nous, puis s'éloignent et reviennent...Franchement j'ai peur. On dégouline tellement de pluie et d'eau de mer qu'on n'ose plus rentrer dans le carré. Le temps est long, la fatigue se fait sentir encore plus. Les planchers du carré sont tout collant d'eau de mer, le hublot au dessus de notre lit a fuit, sans doute sous la pression d'une grosse vague, matelas trempé... Encore une journée de pluie incessante et puis le vent tombe. 
Un moment apaisant
12 et 13 juillet, moteur, moteur, moteur. 
On fait tourner alternativement le bâbord et le tribord. A nouveau pluie énorme. Petite consolation, nous pêchons 2 coryphènes, l'une nous fait 2 repas, je mets l'autre en conserve. Avec l'eau de pluie récupérée je commence à rincer les planchers du bateau et lave mon "petit linge".... Jules va mieux. Nous sommes partis la fleur au fusil persuadés que les frontières maritimes de Polynésie s'ouvriraient le 15 juillet. Nous recevons la confirmation contraire, cela nous plombe de moral. En dehors de la Polynésie nous n'avons nulle part où aller. Il fait moins froid, à 5h30 le 14 juillet, un peu avant la fin de mon quart j'aperçois une lueur sur l'avant tribord. Très vite l'aube naissante laisse entrevoir les formes d'une île. ça y est, nous y sommes presque. Nous connaissons la passe de Raivavae, nous entrons facilement dans le lagon. Nous nous faisons discrets en choisissant de mouiller dans une baie à l'écart du village de Rairua, il est 7h30, nous avons parcouru 2580 milles.
 A 14h les gendarmes nous contactent sur le 16. Gentiment ils nous signalent que les frontières maritimes sont fermées, mais ne nous demandent pas de partir. Au contraire il nous souhaitent la bienvenue et convoquent Yves à la gendarmerie pour le lendemain....

Jusqu'au 10 juillet nous naviguons en compagnie des albatros

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