Albatros |
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8 mois en Nouvelle Zélande |
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Dès le départ l'ambiance est donnée |
Le 3 juillet on remonte vers le nord pour
éviter des vents trop fort. Peikea en fait autant, mais part de beaucoup plus
sud et bizarrement ne semble pas aller beaucoup plus vite que nous. Yves a
ramassé 2 calmars sur le pont, que je vais faire à la catalane bien entendu .
Je
pensais donner des nouvelles régulièrement pendant la traversée, mais très vite
on s'aperçoit que notre crédit iridium est nettement insuffisant, en 3 jours
Yves en consomme plus du tiers, les fichiers GRIB prennent trop de data. Il va
falloir nous cantonner à quelques nouvelles de temps en temps, de façon très
concise.
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Prise premier ris |
Nous atteignons le parallèle 180, et passons en longitude ouest ; du
coup nous reculons d'un journée. Le vent en profite pour monter dangereusement
et brusquement, avec une pointe soudaine à 48 nœuds. Il est plus que temps de
prendre un deuxième ris. Yves s'empare de la barre car la mer est très grosse et
Jules et moi sommes à la manœuvre. Quand on a finalement réussi à brasser la
voile, je tire sur le deuxième ris, sous les cris habituels de Yves "vas-y,
vas-y..." sauf que j'y vais tellement bien que toute la bosse de ris m'arrive
dans les mains.... le nœud qui le maintient à la voile n'a pas tenu . On n'a pas
le choix, il faut réduire, alors on installe le 3ème ris.
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4 juillet mi-parcours |
Dans la bagarre on
finit par casser une latte qui se brise en tapant sur le hauban de bâbord. Pour
éviter de déchirer la voile on l'enlève. Malgré les 3 ris, on continue à surfer
à 10 nœuds, le vent se maintient à 40 nœuds toute la nuit avec une pointe à 53,
on n'en mène pas large. Jules est plus que jamais malade, Téthys bondit et
craque pendant 2 jours sous allure portante, ça va plutôt bien, mais au bout du
4ème jour tout se gâte.
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Poisson volant au menu |
Le 6 juillet le vent passe à l'est puis au nord, on doit
tirer un bord vers le sud sous une allure extrêmement inconfortable , puis un
autre bord vers le nord qui nous fait carrément reculer... En 24 heures on
avance de 21 milles vers l'est pour 190 milles parcourus, le moral baisse, Jules
toujours aussi malade, on ne le voit presque plus, que le midi pour un repas
ultra rapide...
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Yves trouve un moyen pour conserver un deuxième ris dans la
grand voile.
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Le carré un peu sens-dessus-dessous |
Cela nous permet de bien avancer sans prendre de risque, avec un
vent apparent de 31 nœuds. Mais la mer très formée nous secoue en tous sens, on
embarque des tonnes d'eau, sur le pont, dans le cockpit, parfois j'ai
l'impression que le bateau va se démantibuler. Les puisards bâbord et tribord se
remplissent d'eau et nous devons pomper deux à 3 fois par jour. Le fusible de la
pompe tribord saute régulièrement et nous nous apercevons que la pompe à main
placée dans le cockpit est difficilement accessible, qu'il faut lever la table
pour l'actionner, un truc débile quoi, faudra qu'on voit cela de plus près à
l'arrivée ; on croise les doigts pour ne pas avoir une voie d'eau trop
importante.
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ça pulse |
7 et 8 juillet, on continue à se faire secouer comme des pruniers,
on ne peut dormir, de jour comme de nuit tant ça tape, je pense que le bateau
fatigue, je ne suis pas rassurée, nous deux aussi d'ailleurs commençons à
fatiguer. Le vent nous pousse maintenant à fond plein est, alors que nous
souhaiterions commencer notre remontée vers le nord. Pendant 2 jours, comme sur
des rails, nous caracolons exactement sur le 30ème parallèle, j'ai l'impression
que Téthys va exploser à chaque vague, si bien qu'on prend le 3ème ris dans la
grand voile.
A partir du 9 juillet, on infléchit légèrement notre route vers le
nord, le vent descend à 20 nœuds, nous enlevons le 3ème ris; ça bouge toujours
trop pour faire un semblant de cuisine. J'arrive tout de même à cuire des
patates douces à la vapeur, avec du fromage et des pommes, ça remplit l'estomac.
Le 10 juillet, nouvelle dégradation: des pluies d'une violence inouïes
s'abattent sur le bateau, la mer est en furie,
on n'y voit pas à 40 mètres.
Celle là semble vouloir nous engloutir |
Manœuvrer sous ce déluge est un vrai cauchemar, on a beau déborder la grand
voile à fond, Téthys continue à faire des bonds. Comble de malheur, Yves détecte
à l'AIS quatre "esquifs" bizarres. On ne distingue rien sur l'eau mais on
suppose qu'il s'agit de DCP (Dispositif de Concentration des Poissons) qui
dérivent doucement. On les voit sur l'écran qui s'approchent dangereusement de
nous, puis s'éloignent et reviennent...Franchement j'ai peur. On dégouline
tellement de pluie et d'eau de mer qu'on n'ose plus rentrer dans le carré. Le
temps est long, la fatigue se fait sentir encore plus. Les planchers du carré
sont tout collant d'eau de mer, le hublot au dessus de notre lit a fuit, sans
doute sous la pression d'une grosse vague, matelas trempé... Encore une journée
de pluie incessante et puis le vent tombe.
Un moment apaisant |
12 et 13 juillet, moteur, moteur,
moteur.
On fait tourner alternativement le bâbord et le tribord. A nouveau pluie
énorme. Petite consolation, nous pêchons 2 coryphènes, l'une nous fait 2 repas,
je mets l'autre en conserve. Avec l'eau de pluie récupérée je commence à rincer
les planchers du bateau et lave mon "petit linge".... Jules va mieux. Nous
sommes partis la fleur au fusil persuadés que les frontières maritimes de
Polynésie s'ouvriraient le 15 juillet. Nous recevons la confirmation contraire,
cela nous plombe de moral. En dehors de la Polynésie nous n'avons nulle part où
aller. Il fait moins froid, à 5h30 le 14 juillet, un peu avant la fin de mon
quart j'aperçois une lueur sur l'avant tribord. Très vite l'aube naissante
laisse entrevoir les formes d'une île. ça y est, nous y sommes presque. Nous
connaissons la passe de Raivavae, nous entrons facilement dans le lagon. Nous
nous faisons discrets en choisissant de mouiller dans une baie à l'écart du
village de Rairua, il est 7h30, nous avons parcouru 2580 milles.
A 14h les
gendarmes nous contactent sur le 16. Gentiment ils nous signalent que les
frontières maritimes sont fermées, mais ne nous demandent pas de partir. Au
contraire il nous souhaitent la bienvenue et convoquent Yves à la gendarmerie
pour le lendemain....
Jusqu'au 10 juillet nous naviguons en compagnie des albatros |
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