Suite à mes affirmations, nous avons reçu de la part des autorités
sanitaires une espèce de sauf conduit, nous permettant de circuler librement
partout...
Il fait un temps mitigé, très gris et sans vent.
Dès le 29 juillet Nous entamons une
grande sortie à terre, ça fait du bien de se dégourdir les jambes.
Tout près de l'Eglise, le long du lagon on tombe sur un "chantier naval" en plein air. Une demie douzaine d'hommes, 3 travaillent, les autres regardent.
A la tronçonneuse l'un d'eux façonne une pirogue dans un superbe bois rouge. Nous questionnons pour connaitre la nature de l'arbre, "C'est le bois rouge nous dit-on, l'acajou local"appelé aussi paina.
Nous sommes bigrement intéressé car Raivavae est la dernière île de Polynésie où l'on fabrique des pirogues en bois de façon traditionnelle. Bien sûr les charpentiers utilisent des scies, tronçonneuses et ponceuses électriques, mais la méthode reste la même : Un tronc d'arbre que l'on évide, des planches que l'on colle au dessus pour rehausser le franc-bord avec de la sève de l'arbre à pain mélangée à une autre et des ligatures en fibres de coco pour maintenir le tout. On appelle cela une "pirogue cousue".
Plus tard, avec quelques indications nous observerons des "acajous locaux", mais nous n'avons pas trouvé son véritable nom .
Tout le monde nous salue aimablement et nous accueille dans son jardin. Nous passons beaucoup de temps dans celui de Marianne, à cueillir des citrons.
Il y a des pamplemousses partout, chez tout le monde. Comme nous demandons
à en acheter au hasard des rencontres, nous repartons les bras chargés de
fruits, tous donnés de bon cœur.Pendant qu'on cueille les citrons, les taros cuisent
Nous restons longtemps en compagnie de Tomata, une jeune sculpteur sur bois qui ne nous laisse pas partir sans un régime de bananes, une papaye et une noix de coco qu'il épluche tout exprès pour nous.
Enfin nous sommes acceptés et le légendaire accueil des Polynésiens refait surface.
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Retour de promenade |
Son activité agricole à décuplé et pour 8.40 euros nous lui achetons des laitues, une papaye énorme, une poignée d'oignons verts, une demie douzaine d'aubergines...
En revanche son activité de pêcheur est au point mort car le moteur de son poti-marara ne fonctionne plus. Il s'agirait d'un problème électrique et Yves propose tout de suite d'y jeter un œil.
Pendant ce temps là, Jules et moi rendons visite à Gwen l'infirmière et son
mari Aurélien qui habitent juste à coté.
Gwen est de Plouzané et Aurélien de St Pierre (un quartier de Brest), nous ne
sommes pas dépaysés et sympathisons tout de suite. Aurélien a une collection de
photos de baleines époustouflantes, prises l'année dernière ; cette année
dit-il on n'en voit pas, alors qu'en principe c'est la pleine saison.
C'est bien notre veine, tient. Pour nous consoler il nous indique de jolies
balades à faire et nous donne des cartes postales de Raivavae qu'il a fait
éditer mais n'arrive pas vendre.
Alors que Yves passe une journée à tenter (sans succès) de réparer le Poti-marara de Henri,
Jules et moi partons à la recherche d'un énorme
banian qu'Aurélien nous a conseillé
d'aller voir.
Après avoir largement pataugé le long de champs de taros, déambulé sur une grève, courbés sous les branches basses des hibiscus des plages,
nous arrivons enfin devant ce gigantesque banian qui étale toutes ses racines aériennes sur plus de 10 mètres de large.Il pousse au pied d'une falaise. Nous savons qu'en haut de celle-ci
existe un joli point de vue sur le lagon, accessible par un sentier qui part de
la route principale.
Ce serait trop facile de rebrousser chemin pour rejoindre la route, nous
décidons tout bonnement d'escalader la pente qui parait monter doucement vers
le sommet. On avance dans un sous bois, planté d'hibiscus des plages, de
bancouliers et quelques pandanus.
Au début nous progressons sans peine... mais petit à petit nous nous
enfonçons dans une espèce de maquis de fougères qui m'arrivent aux épaules
tandis que la pente aurait comme une tendance à s'accentuer vers les 90°;
C'est Jules qui ouvre le chemin, mais les fougères se referment si vite après
son passage que je ne vois pas toujours par où il est passé.
En tordant le cou au dessus de nous, nous apercevons une trouée, le
sommet n'est pas si loin, c'est juste que devant nous, il y a un mur.
Mais comme il est planté de fougères, et bien il suffit de se hâler dessus,
et petit à petit, dérapant à droite, dérapant à gauche, nous progressons,
centimètre par centimètre.
Un pandanus ici ou là, nous aide à prendre un appui plus sûr de temps en
temps, mais avec les pieds seulement car les racines aériennes de ces drôles
d'arbres sont couvertes de piquants.
On n'est pas tiré d'affaire quand on arrive au sommet. Certes le sol est presque plat, mais les fougères plus touffues que jamais rendent la progression difficile.
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Il faut faire son propre chemin à travers les fougères |
Quand enfin nous atteignons le point de vue, avec à nos pieds le lagon et ses patates de coraux, Téthys trônant au beau milieu, nous éprouvons une certaine fierté.
D'accord, on a mis plus de 2 heures sans s'arrêter pour parcourir environ 3
km, mais ça valait le coup.
Nous rejoignons Yves qui sue sang et eau sur le moteur d'Henri, hélas sans
succès. Aurélien a la bonne idée de nous convier à déjeuner et surtout de nous
ramener à quai en voiture, un vrai luxe.
Yves nous rejoint en fin d'après midi, sa journée s'est soldé par un échec,
mais Henri l'a tout de même chargé d'un énorme carton rempli de papayes, choux,
laitues, citrons... je ne sais plus où stocker tout cela.
Et comme "il ne faut pas laisser perdre", on s'éclate de bide à tout manger, cette fois on n'est pas près de manquer de vitamines et qu'est ce qu'on se régale !
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2 pamplemousses = 600 ml de jus ! |
Les jours tristes et gris se succèdent,
Dimanche 2 août nous faisons une tournée d'adieu . On voit peu de monde, il
pleut beaucoup et la plupart des habitants sont à la messe.
Cependant la vue d'innombrables pamplemousses qui pourrissent par terre nous rend fous
"Ah, vous voulez des pamplemousses ? allez-y, servez vous, comme vous
voulez..."
Et nous voici tout dégoulinant de pluie à gauler les pamplemousses.
Jules s'est armé d'une longue perche, Yves les rattrape avant qu'ils atterrissent par terre... Rapidement on en ramasse pas loin d'une trentaine.Avec ceux que nous avons déjà à bord, cela fait 35 kg de pamplemousses, on a de quoi tenir quelques jours !
D'autant qu'on ramasse aussi quelques oranges et Jules se déchaîne sur un
cocotier le long de la plage pour récolter 3 noix de coco.
Nous sommes parés, nous partons demain matin, pas franchement contents
d'être obligés d'aller se fourrer dans un potentiel nid à Covid.
On vous racontera ....
à bientôt, restez en forme.
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35 kg |
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Jules photographie tous les couchers de soleil |
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