Une petite
journée de navigation et nous voici dans l'atoll de Tikehau.
Nous jetons
l'ancre près de la passe dans laquelle nous avons fait de très belles plongées
en 2017. Hélas, cette fois les conditions météo ne nous permettent pas d'y
aller.
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Puarua |
Dépités nous
quittons les lieux pour nous rendre près du village histoire de se connecter à
Internet, puis partons vers le nord de l'atoll pour une première escale à
l'abri d'un tout petit Motu, Puarua encore appelé l'île aux oiseaux.
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Les noddis jouent les équilibristes |
En cette
saison l'île appartient aux noddis qui nichent par centaines et nourrissent
leur petit encore au nid. On essaie de se faire discret pour ne pas les
effrayer et on ne s'éternise pas. |
Les photographes essaient de se faire discrets... |
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Nichoirs
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Petit noddi
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On ne donne pas cher de la vie de ce bébé noddi
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car au pied du rocher, des crabes veillent prêt à le dévorer
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On voit aussi quelques fous sur leur nid
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Pour la nuit
nous préférons l'abri de la barrière, de plus nous voulons y rejoindre des amis
de Valérie et Louis Michel, le couple franco-canadien, compagnon de notre
confinement en NZ.
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Et puis il y a ces sternes immaculées, gigis Alba
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Eux d'ailleurs
sont toujours là bas, à se peler sévère. Ils accumulent des déboires techniques,
moteurs cassés, éolienne emportée (au port) par des rafales à 65 nœuds. Inutile
de dire qu'on est bien contents d'avoir quitté les lieux.
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Elles vivent toujours en couple
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Timshel, le monocoque d'Agnès et Claude
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Bref nous
faisons connaissance d'Agnès et Claude, 2 retraités de 78 et 73 ans, qui
habitent leur bateau ancré quasi définitivement à l'abri d'un motu situé sur la
barrière.
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Claude et Agnès ont déblayé une cocoteraie sur le motu en face Timshel
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Agnès et
Claude donc, avec leurs 2 enfants de 4 ans et 18 mois, ont quitté Marseille en
1975 à bord d'un voilier construit par Claude et sont arrivés en 1976 à Tahiti.
Agnès,
infirmière a trouvé du travail immédiatement, tandis que Claude, soudeur pour
la recherche pétrolière offshore a littéralement été kidnappé par la Cegelec de
l'époque qui cherchait du personnel qualifié. |
la côte au vent |
Lui voulait
naviguer et faire du "charter plongée". Il a demandé un salaire 3
fois supérieur à la norme avec des conditions d'horaires, de congés et de
liberté invraisemblables histoire de les décourager, mais rien n'y a fait. Les
besoins des militaires pour les essais nucléaires étaient colossaux, l'argent
coulait à flot, la vie de Cocagne quoi. |
Claude
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Agnès
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Récupération ... |
Pour
résumer, avec beaucoup de temps et beaucoup d'argent, il a pu construire lui
même son magnifique ketch de 20 mètres, Timshel, dans lequel ils habitent
maintenant, naviguer en Alaska, puis passer le Cap Horn et visiter les canaux
de Patagonie, toujours avec Timshel.
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Cockpit de Timshel |
A 55 ans, il
a raccroché, vendu ses machines et son hangar. Il conserve toujours une maison
et un très grand terrain à Tahiti. |
le grand carré
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Et nous les
avons rencontrés là, heureux, vivant de leur pêche et de quelques rares légumes
et fruits qu'ils achètent auprès d'une secte installée sur un motu voisin. Une
fois par mois, ils vont au village distant de 10 milles compléter leurs
provisions.
Bien sûr ils
prennent l'avion pour Tahiti de temps à autre, histoire de voir leurs enfants
et de se faire soigner. Et tous les 3 ans Claude ramène son bateau à Tahiti
pour le faire caréner et passer un peu d'antifouling....
Quand même
pendant les 3 jours que nous avons passés ensemble, on a senti chez eux un immense
besoin de parler, on ne s'est guère quittés. J'avais un peu de peine pour
Jules, si jeune au milieu de ces 4 vieux racontant leurs rêves et leurs navigations
des années 70... mais bon il est avec nous pour le meilleur et pour le pire et
n'en a plus que pour quelques semaines.
En effet
nous nous acheminons petit à petit vers Fakarava.
Et pourquoi
n'allons nous pas aux Marquises comme prévu ?
Et bien
voilà, dans leur grande stupidité, les autorités polynésiennes ont décidé que
seule la PAF de Faa, aéroport de Tahiti, serait maintenant habilitée pour les
formalités de départ et d'arrivée des voiliers.
Autrement
dit, une fois aux Marquises, si nous voulons continuer vers les Antilles
(projet toujours dans les tuyaux mais de moins en moins probable cette année) nous
devons repartir à Papeete 800 milles plus à l'ouest, pour se retaper ces mêmes 800
milles vers l'est, vent debout direction Panama, sachant que la route passe par
les Marquises.
Décision idiote
que les autorités reverront peut être un jour.
En attendant
nous restons dans les Tuamotu, on est loin de tout connaître et d'ailleurs nous
voici de retour à Makatea, histoire de faire quelques images avec le drone et
de nous approvisionner en bons légumes et fruits, denrées extrêmement rares
dans tous les autres atolls.
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Nouvelle arrivée à Makatea
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Tout de suite on part sous le cagnard vers les anciennes carrière de phosphate
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Des milliers de trous ont été creusés à la pelle dans la roche
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Les images de drone donnent une bonne idée du travail titanesque réalisé à l'époque
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Le drone émerge d'un trou
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Nos
fournisseurs habituels n'ont plus rien à vendre, mais à force de tournicoter
dans le village on rencontre Sylvie, la
mère de l'institutrice qui vend les légumes de son jardin au profit des enfants
de l'école. |
J'achète du "potta" à Sylvie
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Non seulement on va se régaler mais en plus on participe au bien
être des élèves, c'est pas beau ça ?
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ainsi que des "haricots longs"
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Les papayes sont gratuites, à condition qu'on les "gaule" nous même
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De fils en
aiguille un certain Jacky nous présente à sa nièce Mata, dont le mari Ruben,
nous fait connaître Heimava ... etc., etc. et à chaque fois nous récoltons ici
des papayes, là des bananes, ailleurs des citrons, et interdiction de payer. En
discutant on comprend que si on revient, un peu de saucisson, de fromages ou
quelques cochonneries à apéritif seraient appréciés.
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La maison de Mata et Ruben
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Mata cultive et sait "marier" la vanille
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le mariage ou fécondation de la vanille
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Il faut attendre 9 mois ensuite pour récolter les gousses ; celles ci n'ont que quelques semaines
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Les papayes poussent à profusion |
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Mata nous en offre quelques épuisettes
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Ruben nous
vend 2 kaveus, crabes de cocotier, c'est son gagne-pain. |
Ruben emballe les kaveus dans des feuilles de pandanus
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ça donne ça
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Pas content le crabe
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Mais en plus il nous
offre 3 cocos qu'il râpe pour nous et nous repartons avec un monceau de pulpe
avec laquelle nous allons faire du lait de coco pour déguster nos crabes.
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Ruben nous râpe les cocos
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Tous les foyers polynésiens possède ce genre d'engin électrique
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On a beau
s'y mettre tous les trois les préparatifs du dîner se prolongent fort tard.
Mais quel festin : chair de kaveu réchauffée dans du lait de coco maison aromatisé
au curry. Hum, miam, miam. (quel boulot quand même!). |
attention, le kaveu peut aisément couper un doigt
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Après une
bonne nuit bercés par le chant lointain des mégaptères, nous appareillons pour
Apataki.
Pratiquement
2 jours de mer sont nécessaires pour parcourir les 120 milles qui nous en
séparent en ligne directe. (En fait nous en abattons 268). |
Notre parcours
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Apataki se
trouve pilepoil à l'est de Makatea et nous devons louvoyer contre vent et mer
formée et croisée, une fois de plus Téthys tape et souffre, mais comment
Magellan a-t-il pu nommer cet Océan le Pacifique ???
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