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Deux requins nourrices s'approchent à quelques centimètres de mon appareil
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les Xyph c'est nous, de xyphias gladius nom scientifique de l'espadon.
Nous sommes paumés, au milieu d'une communauté de "voileux" déboussolés.
Nulle part où aller en dehors de la Polynésie, nulle part où y laisser Téthys car tous les chantiers affichent complets.
Nous sommes condamnés à errer en Polynésie, il y a pire comme châtiment.
Des places pourraient se libérer aux chantiers de Hiva Oa (Marquises) ou d'Apataki (Tuamotu), mais pas avant la mi-février...
Voilà où nous en sommes. Si quelques courageux parmi vous se sentent d'attaque pour affronter toutes les contraintes nécessaires aux voyages vers Papeete et ses îles, vous êtes bienvenus à bord...
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Passe d'Apataki
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Donc nous voici à Apataki. On entre dans le lagon de nuit via une passe qui se trouve le long du village de Niutahi.
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Téthys à quai
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Petite darse le long de la passe
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Un quai prévu pour accueillir les goélettes nous "tend les bras" ; nous nous y amarrons avec soulagement dans l'espoir de passer une bonne nuit. C'est presque ça, sauf que le groupe électrogène du village et le compresseur de l'énorme chambre froide qui se trouve à coté fait un potin du diable et cela nous gâche un peu le sommeil.
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LA rue
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Dès potron-minet le lendemain nous visitons Niutahi, son unique rue,  |
La rue, direction le port |
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L'église
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son unique magasin,  |
Le magasin
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le village est plus endormi que jamais par ce temps de Covid, la desserte aérienne est supprimée, les bateaux ravitailleurs se font plus rares, tout le monde vit au ralenti.  |
Il y a 4 voitures sur l'île, tout le monde circule en tricycle
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Très pratique pour faire les courses
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ou promener les enfants
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Nous ne faisons pas de vieux os et partons rapidement vers le joli motu de Ruahine, |
Ruahine ou Rua Vahine
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l'île de la déesse habitée par 5 personnes et deux chiens.
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on est bien accueillis
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Michel le propriétaire y vit avec sa femme, sa fille Erani et son mari et leur petite fille de 2 ans, Hine.
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Michel
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Michel raconte une histoire abracadabrante au sujet de cette pierre qui se transforme en nuage de temps temps....
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Nous devons faire une offrande à cette pierre céleste
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Michel est retraité de la poste, sa fille et son gendre vivent du coprah et de la pêche, une "configuration familiale" tout à fait classique en Polynésie.
Plus étrange en revanche, le parcours d'Erani ne manque pas d'originalité; Après avoir passé 5 ans dans l'Ohio puis 7 en Nouvelle Zélande, Christchurch et Dunedin, elle est revenue sur son île vivre entre ses parents le reste de son âge....En tout cas elle ne s'adresse qu'en anglais à sa fille, tandis que le père lui parle en Polynésien et les grands parents en Français... 
Hine nous a étonnée : à deux ans, elle patauge dans l'eau et avance dans la mer jusqu'au cou ; le chien Golden monte la gardeet empêche les requins à pointe noire d'approcher la petite.
A la suite d'un combat avec l'un deux, il a eu la queue cassée, mais ça ne l'empêche pas de continuer à les chasser.  |
Le Papa d'Hine partage sa pêche avec nous
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Filets de perroquet
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Au dessus de nous plane une frégate attirée par les déchets de poissons |
Et bien je parlais de plaisanciers désorientés en voici un exemple : aujourd'hui Jules s'est entretenu au téléphone avec Yves le skipper du voilier qui devait l'emmener à Panama. Finalement il a changé d'avis et ne part plus....
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Chantier d'Apataki ; on peut acheter au litre du monoï fait maison
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Marmite de monoï
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fleurs de frangipanier pour parfumer monoï
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Nous ne nous attardons pas au chantier après avoir obtenu confirmation qu'on ne pourrait y mettre Téthys, avons juste le temps de faire connaissance d'un jeune couple du Guilvinec, Céline et Jérôme, totalement accroc de LITS.Partis de Bretagne en juillet dernier ils espèrent trouver un peu de travail à Papeete en attendant d'aller ailleurs.  |
cabine téléphonique : il y a tellement peu de vent qu'il faut s'en protéger pour pouvoir converser
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Devant le chantier des requins nourrices attendent d'être nourris
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pas vraiment apprivoisés, mais très familiers |
Nous continuons notre route vers Fakarava de toute façon; Là, Jules pourrait rencontrer un voilier en partance pour Papeete, voire même pour Panama. S'il ne trouve personne, il est décidé à prendre l'avion pour regagner la France. Fin d'un rêve de tour du monde "à pied" commencé il y a 20 mois.
Pour sortir de l'atoll nous devons repasser par le village de Niutahi. Comme le vent souffle fort, (20-25 nœuds depuis 10 jours) nous voulons passer une nouvelle nuit amarrés le long du quai et partir le lendemain, la météo prévoyant une accalmie.
Le policier municipal nous accueille, prend nos amarres et nous aide à manœuvrer mais nous interdit de rester pour la nuit !
Rien ne lui donne le droit d'exiger une chose pareille, Yves s'emporte, le policier aussi, ça tourne vraiment vinaigre, on n'arrive pas à calmer ni l'un ni l'autre.
Nous avons ordre de dégager tout de suite, moi je me dépêche de sauter à terre et de courir à la poste pour régler une histoire loufoque de téléphone. Au moins on ne pourra pas partir sans moi.
Quand je ressors de la poste, j'apprends que Yves a été conduit "au poste", c'est à dire à la mairie. Oh là là, ça va vraiment mal.
Au bout d'un moment ils reviennent tous les deux dans la "voiture municipale" et restent à discuter à l'intérieur, on dirait que le ton a baissé.
En effet Yves raconte qu'il connaît un peu Apataki et qu'il a côtoyé un certain Jean Tapu, grand champion du monde de chasse sous marine dans les années 70 et originaire de l'atoll.
Et tout à coup le policier (un grand Polynésien super baraqué) verse quelques larmes, totalement chamboulé il dit à Yves " Je suis son petit fils Steeve Tapu".
Alors là, sans le savoir, Yves a tapé dans le mille. Il abreuve Steeve de compliments sur son grand père, le policier se montre de plus en plus ému et dit
"Tu m'as parlé de mon grand père, alors tu peux rester ici".
Bien sûr nous n'en faisons rien, mais nous nous quittons bons amis.
Cette anecdote en dit long sur ce qui se passe en Polynésie.
Les plaisanciers sont tout juste tolérés sur certaines îles.
Dans leur isolement, maires et policiers municipaux édictent des "lois" locales totalement fantaisistes appliquées au petit bonheur la chance. Et une chose est sûre, quand on fait partie de la famille du maire ou du policier ou qu'un lien peut être fait avec le clan, et bien tout s'arrange...
Nouvelle séance de rodéo avec deux ris dans la grand voile face au vent pendant 9 heures pour avancer de 20 milles seulement dans le bon cap.
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On gobe la nourriture entre 2 vagues
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Nous nous réfugions sur l'atoll de Toao, dans l'anse Amyo, ou Amiot selon les cartes.
C'est une échancrure dans la barrière de corail qui procure un bon abri. Valentine et Gaston, les propriétaires du motu Matarina qui borde l'endroit l'ont bien compris et depuis 40 ans accueillent les voiliers dans leur petit restaurant. Ils ont installé une dizaine de corps-morts auxquels on peut s'amarrer moyennant finance ou un repas chez eux... En ce moment, à cause du mauvais ils sont absents, coincés à Fakarava où ils vont s'approvisionner régulièrement.
Cela ne nous empêche pas de visiter le motu.  |
Le potager souffre de la sècheresse
 | Quelques tomates arrivent à résister
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Eglise pentecôtiste pour moins de 6 personnes vivant sur le motu
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Outre le petit restaurant on y trouve une demi douzaine de petits bungalows, sans client pour l'instant, 
cinq chiens, quelques cochons,
des poules et des coqs. C'est assez joli, cependant il ne faut pas s'aventurer en dehors du front de mer, car dans la cocoteraie qui se trouve derrière, on a recensé une bonne dizaine de décharges encombrées de verre, plastique, cannettes de bière, ferraille, moteurs hors-bords, groupes électrogènes et matériel électrique.
Cassée l'image du motu paradisiaque. Il faudrait une fortune pour débarrasser l'îlot de ces dépotoirs. En restant sur ou dans l'eau tout va bien. Nous faisons une superbe séance d'apnée dans un véritable aquarium, de jolies patates de corail habitées par une faune variée en densité et variété, un régal. 
Allez, dernière étape pour Jules, nous appareillons pour Fakarava.
J'espère que vous allez tous bien et que le temps d'automne est agréable.
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Acanthaster ou coussin de belle mère
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