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Distances à la louche... |
Pour naviguer entre les atolls il faut jongler avec les courants, autrement dit sortir de l'un et entrer dans l'autre à des horaires précis, avec la navigation à voile ça n'a rien d'évident tout dépend des marées, il faut choisir son jour.
Donc nous levons l'ancre à 5h15 le matin.
Le jour commence à 4h30, tout de suite la lumière éclate, on n'a pas de mal à se lever tôt.
Nous empruntons la passe Arikitamiro en début de marée descendante, déjà 3 nœuds de courant avec des tourbillons partout, de temps en temps Téthys part en biais, le barreur a intérêt à être vigilant, la main sur la manette des gaz, on frôle le corail, heureusement l'eau transparente nous permet de repérer tous les écueils.
Passe Pakata |
Huit heures et cinquante milles plus tard, on se présente devant la passe Pakata pour entrer dans le lagon de Katiu.
L'atoll se trouve bien en dehors des routes classiques empruntées par les voiliers qui naviguent dans les Tuamotu. Très peu de bateaux y relâchent, les seules informations que nous avons pu trouver proviennent d'un vieux guide nautique "Charlie's Charts" des années 80, avec cartes dessinées à la main.
ça y est, on est porté par le courant |
Le chenal est balisé, malgré tout Yves marque un moment d'hésitation pour négocier un de ses méandres, cela suffit pour que le courant entrant déjà bien fort embarque Téthys de coté vers une patate de corail.
Le bateau glisse au dessus, comme emporté par un tapis roulant, l'eau translucide nous permet d'admirer le corail et compter les poissons, on retient notre souffle et hop ça passe, une minute après Yves a repris le chenal,
on a vraiment eu de la chance, vive les faibles tirants d'eau ! (1.25 m pour Téthys).
On est juste sur la patate.... |
Voilà, on a mouillé |
On ne voit âme qui vive, on entend juste ronronner le groupe électrogène, dommage.
Avec tout ce soleil et le vent qui ne s'arrête quasiment jamais, cet équipement antique et bruyant fait mal au cœur.
On attend le lundi matin pour débarquer.
Par acquis de conscience on cherche à se présenter au Mutoï (policier municipal) ou au Tavana (maire).
La mairie et son boulevard |
Tout deux sont introuvables, seuls la secrétaire de mairie semble travailler. Elle finit par nous dégoter l'adjoint au maire qui bredouille une vague bénédiction pour nous laisser visiter le village sous réserve de porter un masque.
Abrités sous les vérandas de leurs maisons les habitants répondent du bout des lèvres à notre salut.
Pas grand monde dans les rues.
Le premier magasin ouvre exprès pour nous, devant les rayonnages quasi vides, je demande s'il y a des légumes à vendre ?
"-Non, mais il y a un autre magasin au bout de la rue"
Ici, c'est toujours comme cela, personne n'hésite à nous envoyer à la concurrence.
A 11 heures 15 nous entrons dans l'autre magasin qui ferme à 11h30.
"Ah, on ne prend plus personne me dit Léontine la gérante, je vais manger..."
Oriri le futur propriétaire s'affaire à la scie circulaire.
On apprend qu'il est gérant d'une ferme perlière mais que l'activité a cessée.
Il profite de son temps libre pour construire ce bateau avec lequel il compte rejoindre Faïté distante de 60 milles où vivent ses parents.
Il ne les a pas revu depuis 23 ans.
"j'ai pas eu le temps d'y aller" raconte-t-il.
"Mais j'ai voyagé deux fois en Chine dans la famille de ma femme.
Ma femme elle me manque, elle est partie dans sa famille pour les fêtes, ça fait presque un an, avec la Covid, elle n'a plus le droit de venir
L'architecte naval |
Oriri |
Tous les greffeurs chinois sont partis en janvier là bas, aucun n'est revenu C'est pour ça, y'a pu de greffeur en Polynésie, on ne fait plus la perle..."
Je m'étonne quand même que les Polynésiens n'aient pas réussi à se former pour greffer les huitres, je crois surtout que le manque d'acheteurs a mis l'activité en sommeil.
Cela dit quelqu'en soit la raison, l'arrêt de la perliculture est un vrai drame pour la Polynésie.
Des patates partout dans le lagon, joli mais dangereux |
la passe, encombrée de vieux restes de pièges à poissons, tubes en métal et blocs de béton, ne retient pas notre attention.
Aussi au bout deux 2 jours nous partons vers Raraka.
Nous aimons beaucoup ce petit atoll que nous avons déjà visité 2 fois. Nous espérons y retrouver Herman et Honorine ainsi que leur grande famille avec qui nous avons partagé de bons moments.
Départ à 5 heures, navigation sous spi, la routine. On arrive tellement vite qu'il faut attendre 2 heures en dérive devant la passe Manureva pour profiter du courant favorable.
Suite au prochain numéro
Les navigateurs solitaires.
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