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RARAKA, retour au paradis 18- 20 NOV( 1ère partie)

 

 

Encore un atoll dédaigné par la plupart des "voileux" alors qu'il se trouve à moins de 50 milles de Fakarava où s'agglutinent les voiliers.

Certes la passe est délicate à négocier, un peu étroite, pas très profonde, se terminant par un coude, mais bien balisée.


Yves a conservé les traces de nos passages en 2017 et 2018, l'arrivée se fait donc sans encombre .

A 15h30, après avoir ancré, vérifié le mouillage en apnée nous sommes prêts à débarquer.

Nous scrutons le village de Motutapu à la jumelle. Rien ne bouge, on ne voit personne, même pas un enfant jouer sur le quai. On préfère attendre le lendemain pour tenter un débarquement.

Parc à poisson devant le village de Motutapu

En fait nous sommes à plus de 500 mètres de la côte. Voilà sans doute un autre élément qui peut refroidir les navigateurs.

Il n'y a pas vraiment d'abri devant Motutapu. On jette l'ancre le long d'une patate, sur une pente truffée de blocs de corail mort. L'abri est précaire, dès que le vent dépasse 6 nœuds, le bateau se dandine secoué par le clapot qui devient de plus en plus fort à mesure que le vent tourne vers le sud.

Pourtant Raraka est la retraite préférée d'un certain chanteur qui ne voulait pas se faire couper les cheveux. Mais, "chut", on lui a promis de ne rien dévoiler.

Donc en annexe nous nous rendons dans la petite darse, dans laquelle justement une grande barque en bois est en train de pénétrer. Et, Ô surprise, je reconnais Hermann et son fils Lucien.

Notre ami Herman

Nous sommes vraiment contents de nous retrouver. Mais ils ne sont plus que tous les deux, Honorine et tous les autres enfants sont à Tahiti, études et travail obligent.

Qu'à cela ne tienne, on a plein de chose à se raconter.  Des histoires de pêche bien sûr et puis dans leur bateau Yves avise un poisson pierre embroché sur une flèche de fusil.

Poisson pierre Synanceia verrucosa

 Ils l'ont trouvé dans leur piège à poissons, il parait que c'est bon à manger. Vu que son épine dorsale est venimeuse et mortelle, il faut prendre des précautions pour l'éplucher. La méthode consiste à mettre le poisson (mort ou vivant) sur de la braise (on fait la même chose avec les diodons) . Avec la chaleur, la peau se détache toute seule de la chair, ensuite comme un gant qu'on retourne, on dépiaute le tout.

L'ancien maire "épluche" un diodon


Les sternes attrapent en vol les viscères de poissons, quand elles tombent à l'eau, les requins s'en chargent

On s'empresse ensuite de se présenter à la mairie. Ici c'est le paradis : pas de masque, personne n'en porte, personne n'en a, même pas l'auxiliaire de santé à la porte de l'infirmerie.

Nous sommes dans le plus bel et un des rares endroits au monde où la Covid n'est même pas un sujet.

Avec Tarass Boulba, je garde quand même mes distances

Seulement 40 personnes vivent ici.  Il y a 7 écoliers, tous les niveaux sont représentés, de la grande maternelle au CM2.


La récré

 Il y a même un très beau magasin tout neuf, bien mieux qu'à Katiu. 


Et ici les gens sortent de chez eux pour nous souhaiter la bienvenue, des pêcheurs nous offrent une bonite, quand nous repassons devant la maison d'Hermann, il nous fait asseoir dans son jardin et Lucien nous prépare 2 noix de coco fraîches dont nous buvons l'eau avidement. Nous retrouvons la Polynésie d'avant la pandémie.

Marina
Nous faisons la connaissance de Marina, la mascotte de Raraka, une tortue verte qui ne risque pas d'être mangée. Tous les pêcheurs s'occupent d'elle et la nourrissent à la main à chaque retour de pêche, un spectacle sympathique auquel assistent systématiquement un groupe de chiens qui aimeraient bien bénéficier du même traitement.


Le secret de Raraka, c'est le "Secteur". Comprenez tous les motus disséminés sur le pourtour de l'atoll en dehors du village, là ou se fait la récolte du coprah. Et parmi tous ces motus qui ponctuent la barrière se trouve celui de Vahinano. Un lieu tellement magnifique et paisible que le temps s'y enlise, on vous y emmène là maintenant.

motus disséminés sur le pourtour de l'atoll

Enfin avant il faut relever l'ancre. Comme peuvent en témoigner les Miaons, l'opération est toujours délicate...

La chaîne s'emmêle systématiquement dans les nombreux pâtés de coraux, il est rare qu'on puisse la dégager sans de multiples manœuvres. A quatre ça va : Yves va dans l'eau, en apnée ou en bouteille pour dégager la chaîne, depuis la surface il transmet des indications relayées par Monique qui se tient à l'avant, pour Pierre qui est à la barre et dirige Téthys dans un sens ou un autre et moi qui suis aux commandes du guindeau dans le coffre à chaîne. 

A deux ça se corse.  Après moult essais infructueux Yves se résigne à aller voir au fond, d'abord en apnée, puis en bouteille : la chaîne est entortillée sur 3 patates différentes par 17 mètres de fond. Mais je ne peux pas à la fois faire avancer Téthys et remonter l'ancre Je me concentre donc sur le guindeau, mais là aussi l'opération s'avère délicate.

Concentrée sur le guindeau, je ne vois pas ce qui se passe à l'extérieur
Avant de repartir au fond Yves me décrit plus ou moins l'opération : il faut que je remonte la chaîne au fur et à mesure qu'il la décoince, mais comment savoir que c'est le bon moment ? Qu'en tirant dessus je ne suis pas en train de lui écrabouiller les mains, franchement je stresse un maximum. A vue de nez j'estime la tension de la chaîne et en déduis que je peux y aller... ça fonctionne, mais je ne dois pas tout relever, il faut que l'ancre tienne encore un peu jusqu'à ce que Yves remonte à bord. Sinon Téthys va dériver et se fracasser sur le récif derrière, le vent a forcit, c'est tendu. Finalement on s'en sort bien et soulagés filons vers l'est au moteur pendant 2 heures...

Pour le pain j'utilise la farine normale, appelée aussi farine bleue. La farine anormale est dite rouge

Vahinano un motu enchanteur, où le temps se déforme au point qu'on ne sait plus si on y est depuis 2 jours ou 3 mois. D'ailleurs malgré les nombreux calendriers du bord, j'ai loupé une journée et m'en suis rendu compte au bout d'une semaine.

Que du silence et de la beauté
La nuit, le parfum très fort exhalé par les kahias nous envoute. Pas de réseau téléphonique, pas de radio, rien. Que du silence et de la beauté. Pourquoi revenir à la vie "civilisée" ? Avec ce qui nous reste comme provision et gaz, on peut tenir plus d'un mois.

A condition tout de même que le dessalinisateur tienne le coup, il est bizarre celui là, un jour il marche parfaitement, l'autre il cafouille... vivement que les pièces arrivent à Fakarava. Nous savons que le colis est bloqué en douanes, cela ne nous dit rien de bon.

 


A suivre



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