
Six jours. 6
jours pour parcourir 450 milles en ligne directe, direction est-sud-est
(130°). La météo prédisait 10 nœuds de
NE. Le premier jour nous avons 4 nœuds
du nord, puis 10 nœuds d'ouest, puis plus rien...
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On n'a jamais autant lu.... |
Une mer d'huile, pas un
oiseau, pas un poisson, rien, le Pacifique mérite son nom pour une fois.
Alors
nous devons progresser au moteur en faisant tourner alternativement celui de
bâbord et celui de tribord pour économiser le carburant.
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Annette varie les plaisirs en faisant de la couture |
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Et réalise une magnifique protection pour notre beau siège de barre |
A l'approche de chaque
nuage, quand une petite risée se fait sentir, on envoie le gennaker
, qu'on
porte en général moins d'un quart d'heure. En tout nous abattons 551 milles,
moyenne 3.8 nœuds, peut mieux faire.
Donc lundi
22 février à l'aube quand nous voyons apparaître la silhouette du mont Duff à
l'horizon, nous soupirons tous de soulagement.
Les lignes de côtes de
l'archipel des Gambier se précisent, l'île principale de Mangareva sur bâbord,
celle de Taravaï sur tribord.
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Le mont Duff |
Nous pénétrons dans l'immense lagon (32 km x 27km)
par la passe ouest et reconnaissons bientôt l'île de Akamaru face à nous, puis
Aukena sur bâbord. Un long chenal balisé serpentant entre les récifs coralliens
nous conduit au bout d'une heure à proximité de la "capitale" Rikitea
devant laquelle
nous jetons l'ancre au
milieu d'une quinzaine de voiliers.
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Rikitea |
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La, je "jette" l'ancre |
les moteurs
se taisent enfin. Merveilleux silence. Aucun bruit ne se fait entendre,
personne ne bouge, il est 8h15 à nos montres mais 9h15 en heure locale. Nous ne
perdons pas de temps pour débarquer et visiter le village-rue, coincé sur
l'étroite bande de terre entre le lagon et la montagne. La fraîcheur apportée
par la végétation nous fait du bien.
Archipel des Gambier
En 5 ans, Rikitea n'a pas beaucoup changée,
nous faisons le tour des 3 magasins, de la boulangerie, du snack Jojo où l'on
peut se connecter soit disant sur internet, mais bien sûr ça ne marche pas....
de temps en temps même le téléphone est coupé, c'est vous dire qu'on est au
bout du monde.
Les Mangaréviens
sont toujours aussi aimables et accueillant et au bout de quelques heures nous
pouvons déjà entrer dans certains jardins pour cueillir des pamplemousses à
notre guise.
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Cueillette du jour |
Pour trois fois rien on nous propose des mangues, des avocats, des
citrons. On a un peu plus de mal pour trouver à faire laver notre linge :
l'ex-légionnaire "Fritz" que nous connaissons continue à proposer ce
service. Au moment où je ferme la porte de sa machine à laver, plaf ! le loquet
qui sert de contacteur se brise en 3 morceaux...Faut changer de plan. On
arpente un bon moment le village avant de trouver une excellente solution,
notre linge sera lavé ET séché, cela tombe bien car très vite il commence à
pleuvoir copieusement , il parait que cela va durer des jours, on aura du mal à
faire sécher le linge à bord comme nous le faisons habituellement, étendu sur
des bouts que nous fixons entre les haubans.
Nous
cherchons à louer une voiture pour faire le tour de Mangareva. Malheureusement
elles sont toutes (2) louées. Finalement Sandrine, la patronne du Snack Jojo
accepte de louer son propre véhicule, un Toyota RAV4 hybride, boite
automatique.... les affaires marchent ici.
Aux Gambier
tout le monde ou presque travaille pour ou dans la perle, je ne sais pas
comment on dit. En tout cas la réputation de la qualité et de la beauté des
perles produites ici permet aux perliculteurs d'écouler rapidement leurs perles
sur les marchés étrangers entre autre.
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Partout sur le lagon, des installations perlières |
Une certaine aisance générale
transparait, loin du tumulte de Papeete (et sans Covid) il fait bon vivre ici.
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Dans ces petites cahutes sur l'eau, les perles sont gréffées |
Sous un ciel
gris et parfois sous la pluie nous empruntons la seule et unique route qui
ceinture Mangareva.
Pamplemoussiers,
bananiers,
citronniers et manguiers
croulent sous les fruits. De temps en temps nous nous arrêtons pour demander la
permission de cueillir quelques fruits.
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Jacob nous prête une machette pour qu'on coupe un bananier dans son jardin |
La réponse est toujours positive. On
nous prête même qui une machette, qui un escabeau pour nous faciliter le
travail...

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Cueillette d'aubergines |
Le long de la route nous tombons sur un jardin immense et magnifique
où tout pousse à foison. Isabelle, une institutrice à la retraite nous
accueille à bras ouverts : son maître mot : partager.
Elle nous
abreuve de papayes, de bananes
et de poivrons et nous demandant d'en faire
profiter les voiliers autour de nous.

Le coffre de la Toyota est plein, nos sacs débordent, on a du mal à tout caser dans le Zodiac pour rentrer à bord.
Notre idée
est de donner un maximum au mystérieux "bateau russe".
21 bateaux tirent
sur leur ancre maintenant devant Rikitea et parmi eux "Elizaveta" un improbable
voilier battant pavillon russe. Une espèce de long cigare en acier bleu,
affublé d'un mat tirant sur l'avant et d'une minuscule grand-voile. A bord se
trouvent 6 à 8 jeunes gens qu'on voit partir de temps en temps sur le récif
pour aller chasser.
Les
gendarmes expliquent à Yves qu'ils sont arrivés depuis plusieurs semaines mais
n'ont aucun papier pour le bateau, aucune preuve de l'origine de leur voyage.
Ils se voient donc dans l'interdiction de débarquer et ordre de continuer leur
voyage. En fait ils attendent la prochaine goélette qui apportera du gazole et
devront quitter les lieux immédiatement après avoir fait le plein. On ne peut
leur parler, les gendarmes nous ont affirmé que des mesures sont prises pour
les approvisionner correctement, sous entendu mêlez vous de ce qui vous
regarde. 2 fois par jours ils patrouillent autour d'Elizaveta et leur courent
après quand ils partent pêcher avec leur annexe.
Radio ponton
fonctionne à plein à ce sujet. Un équipage explique qu'au moment où ils sont
arrivés, ils se sont précipités pour embrasser le sable de la plage, comme la
terre promise. Un autre affirme qu'ils ont été expulsés du Chili, d'autres
encore racontent les avoir vu débarquer la nuit et s'introduire dans les
jardins pour chaparder des fruits... On aimerait en savoir plus mais nous
n'arrivons pas à les approcher discrètement. Décidemment aux Gambier, il arrive souvent de
drôle d'histoires. En 2016 quand nous sommes venus pour la première fois, un
voilier français bourré de cocaïne avait été arraisonné, la marchandise
détruite, l'équipage mis en cabane à Papeete et le bateau restait là,
abandonné, se balançant tristement à l'ancre.
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L'immense cathédrale St Michel pouvant accueillir 1200 personnes |
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Tout l'autel est incrusté de nacre |
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En fait il y en a partout |
Comme la météo se dégrade
franchement, vent, pluie, clapot rendant le mouillage inconfortable, nous
décidons de quitter Mangareva pour l'île de Taravai. Auparavant nous faisons un
petit de ravitaillement dont 3 kg de thazard (5 € le kilo) car on ne peut
manger les poissons du lagon à cause de la ciguatera.
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Thazard au menu |
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Là, je remonte l'ancre |
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Là, je décroche la patte d'oie (système spécial pour mouiller les catamarans) |
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