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LES GAMBIER, enfin.... Février-mars 2021- Île de Mangareva

 

Six jours. 6 jours pour parcourir 450 milles en ligne directe, direction est-sud-est (130°).  La météo prédisait 10 nœuds de NE. Le premier jour nous avons 4 nœuds du nord, puis 10 nœuds d'ouest, puis plus rien...


On n'a jamais autant lu....
Une mer d'huile, pas un oiseau, pas un poisson, rien, le Pacifique mérite son nom pour une fois.

Alors nous devons progresser au moteur en faisant tourner alternativement celui de bâbord et celui de tribord pour économiser le carburant.

Annette varie les plaisirs en faisant de la couture

Et réalise une magnifique protection pour notre beau siège de barre
A l'approche de chaque nuage, quand une petite risée se fait sentir, on envoie le gennaker
, qu'on porte en général moins d'un quart d'heure. En tout nous abattons 551 milles, moyenne 3.8 nœuds, peut mieux faire.

Donc lundi 22 février à l'aube quand nous voyons apparaître la silhouette du mont Duff à l'horizon, nous soupirons tous de soulagement.

Les lignes de côtes de l'archipel des Gambier se précisent, l'île principale de Mangareva sur bâbord, celle de Taravaï sur tribord.
Le mont Duff
Nous pénétrons dans l'immense lagon (32 km x 27km) par la passe ouest et reconnaissons bientôt l'île de Akamaru face à nous, puis Aukena sur bâbord. Un long chenal balisé serpentant entre les récifs coralliens nous conduit au bout d'une heure à proximité de la "capitale" Rikitea devant laquelle  nous jetons l'ancre au milieu d'une quinzaine de voiliers.
Rikitea 
La, je "jette" l'ancre
les moteurs se taisent enfin. Merveilleux silence. Aucun bruit ne se fait entendre, personne ne bouge, il est 8h15 à nos montres mais 9h15 en heure locale. Nous ne perdons pas de temps pour débarquer et visiter le village-rue, coincé sur l'étroite bande de terre entre le lagon et la montagne. La fraîcheur apportée par la végétation nous fait du bien.
Archipel des Gambier
En 5 ans, Rikitea n'a pas beaucoup changée, nous faisons le tour des 3 magasins, de la boulangerie, du snack Jojo où l'on peut se connecter soit disant sur internet, mais bien sûr ça ne marche pas.... de temps en temps même le téléphone est coupé, c'est vous dire qu'on est au bout du monde.

Les Mangaréviens sont toujours aussi aimables et accueillant et au bout de quelques heures nous pouvons déjà entrer dans certains jardins pour cueillir des pamplemousses à notre guise.

Cueillette du jour
Pour trois fois rien on nous propose des mangues, des avocats, des citrons. On a un peu plus de mal pour trouver à faire laver notre linge : l'ex-légionnaire "Fritz" que nous connaissons continue à proposer ce service. Au moment où je ferme la porte de sa machine à laver, plaf ! le loquet qui sert de contacteur se brise en 3 morceaux...Faut changer de plan. On arpente un bon moment le village avant de trouver une excellente solution, notre linge sera lavé ET séché, cela tombe bien car très vite il commence à pleuvoir copieusement , il parait que cela va durer des jours, on aura du mal à faire sécher le linge à bord comme nous le faisons habituellement, étendu sur des bouts que nous fixons entre les haubans.

Nous cherchons à louer une voiture pour faire le tour de Mangareva. Malheureusement elles sont toutes (2) louées. Finalement Sandrine, la patronne du Snack Jojo accepte de louer son propre véhicule, un Toyota RAV4 hybride, boite automatique.... les affaires marchent ici.

Aux Gambier tout le monde ou presque travaille pour ou dans la perle, je ne sais pas comment on dit. En tout cas la réputation de la qualité et de la beauté des perles produites ici permet aux perliculteurs d'écouler rapidement leurs perles sur les marchés étrangers entre autre.

Partout sur le lagon, des installations perlières

Une certaine aisance générale transparait, loin du tumulte de Papeete (et sans Covid) il fait bon vivre ici.

Dans ces petites cahutes sur l'eau, les perles sont gréffées 

Sous un ciel gris et parfois sous la pluie nous empruntons la seule et unique route qui ceinture Mangareva. 

Pamplemoussiers, bananiers,  citronniers et manguiers croulent sous les fruits. De temps en temps nous nous arrêtons pour demander la permission de cueillir quelques fruits.
Jacob nous prête une machette pour qu'on coupe un bananier dans son jardin





La réponse est toujours positive. On nous prête même qui une machette, qui un escabeau pour nous faciliter le travail...


Cueillette d'aubergines

Le long de la route nous tombons sur un jardin immense et magnifique où tout pousse à foison. Isabelle, une institutrice à la retraite nous accueille à bras ouverts : son maître mot : partager.


Elle nous abreuve de papayes, de bananes


et de poivrons et nous demandant d'en faire profiter les voiliers autour de nous.











 Le coffre de la Toyota est plein, nos sacs débordent, on a du mal à tout caser dans le Zodiac pour rentrer à bord.

Notre idée est de donner un maximum au mystérieux "bateau russe".

21 bateaux tirent sur leur ancre maintenant devant Rikitea et parmi eux "Elizaveta" un improbable voilier battant pavillon russe. Une espèce de long cigare en acier bleu, affublé d'un mat tirant sur l'avant et d'une minuscule grand-voile. A bord se trouvent 6 à 8 jeunes gens qu'on voit partir de temps en temps sur le récif pour aller chasser.

Les gendarmes expliquent à Yves qu'ils sont arrivés depuis plusieurs semaines mais n'ont aucun papier pour le bateau, aucune preuve de l'origine de leur voyage. Ils se voient donc dans l'interdiction de débarquer et ordre de continuer leur voyage. En fait ils attendent la prochaine goélette qui apportera du gazole et devront quitter les lieux immédiatement après avoir fait le plein. On ne peut leur parler, les gendarmes nous ont affirmé que des mesures sont prises pour les approvisionner correctement, sous entendu mêlez vous de ce qui vous regarde. 2 fois par jours ils patrouillent autour d'Elizaveta et leur courent après quand ils partent pêcher avec leur annexe.

Radio ponton fonctionne à plein à ce sujet. Un équipage explique qu'au moment où ils sont arrivés, ils se sont précipités pour embrasser le sable de la plage, comme la terre promise. Un autre affirme qu'ils ont été expulsés du Chili, d'autres encore racontent les avoir vu débarquer la nuit et s'introduire dans les jardins pour chaparder des fruits... On aimerait en savoir plus mais nous n'arrivons pas à les approcher discrètement.  Décidemment aux Gambier, il arrive souvent de drôle d'histoires. En 2016 quand nous sommes venus pour la première fois, un voilier français bourré de cocaïne avait été arraisonné, la marchandise détruite, l'équipage mis en cabane à Papeete et le bateau restait là, abandonné, se balançant tristement à l'ancre.

L'immense cathédrale St Michel pouvant accueillir 1200 personnes
 
Tout l'autel est incrusté de nacre
En fait il y en a partout





Comme la météo se dégrade franchement, vent, pluie, clapot rendant le mouillage inconfortable, nous décidons de quitter Mangareva pour l'île de Taravai. Auparavant nous faisons un petit de ravitaillement dont 3 kg de thazard (5 € le kilo) car on ne peut manger les poissons du lagon à cause de la ciguatera.

Thazard au menu


Là, je remonte l'ancre


Là, je décroche la patte d'oie (système spécial pour mouiller les catamarans)




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