Un jour de mer suffit pour arriver à Raraka, mais quelle journée : pour la première fois nous attrapons un poisson. Et pas n'importe lequel, au bout de 20 minutes de lutte, Pierre arrive à sortir de l'eau une magnifique coryphène de 11 kilos.
La pauvre bête a résisté en passant par un dégradé de bleu, vert et or et c'est toujours un crève cœur de sacrifier un animal aussi beau.Cependant nous sommes contents de pouvoir manger enfin du poisson frais. Nous jetons l'ancre à la nuit tombante devant le village de Motutapu et aussitôt, de la petite darse surgit une barque avec les 3 fils d'Herman, Mickaël, Lucien et Rody qui viennent juste nous souhaiter la bienvenue.
En novembre dernier je vous avais raconté nos retrouvaille avec Herman que nous connaissons depuis 2017. Le pauvre Herman a toujours des ennuis avec l'épicier, ce grand escogriffe qu'il accuse de lui avoir volé ou coulé ses filières de nacres au milieu du lagon. Il a même déposé une plainte officielle et les gendarmes devraient venir enquêter à la fin de ce mois, c'est du sérieux.
En attendant Herman cherche à accumuler des preuves et une nouvelle fois demande à Yves d'aller photographier les filières réparties en 5 endroits différents appelés "stations".
Pas de problème, on veut bien, oui mais problème quand même car Herman s'est assis sur sa tablette, le seul document sur lequel sont stockés les positions GPS des fameuses filières...Il a beau tapoter sur l'écran, celui ci reste muet. Une fois de plus Yves lui sauve la mise en partie car sur les photos prises en novembre on peut lire les positions GPS.
Tout s'arrange donc, le temps se met de la partie et par une belle journée de temps calme nous partons en expédition.
Herman a
débauché le policier municipal (mutoï) qui possède un gros poti-marara
ultrarapide qui en une demie heure nous emmène sur place. A bord, Yves et moi,
Herman et ses 3 fils plus Maitu le
Mutoï qui n'a pas l'air trop embarrassé
de déserter le bureau.
Sur les 5 stations qu'Herman recherche, nous n'en retrouvons que deux, celle photographiée en novembre plus une autre (grâce au sondeur de Yves).
Les bouées de surfaces qui maintiennent les filières à la profondeur idoine, 8 mètres, pour la reproduction des coquillages ont disparues, les nacres flottent maintenant à plus ou moins 20 mètres de fond, mais la grande clarté de l'eau permet de les distinguer.
Herman n'ayant pas de matériel de plongée, lui et ses fils ont une technique bien rodée pour les récupérer.
Ils descendent à l'aide d'un cordage une vieille échelle de bateau rouillée dont les extrémité recourbées servent de crochets, Lucien fait une longue apnée, parfois jusqu'à 25 mètres, à l'aise, pour positionner l'échelle et hop, Rody à bord, au prix d'efforts incroyables remonte péniblement la filière jusqu'à une dizaine de mètres.
Ensuite Lucien coince entre ses jambes et son torse un flotteur de pêche, descend main sur main sur le cordage jusqu'à la filière à laquelle il amarre le flotteur, tranquille, tout cela en apnée, un vrai Polynésien quoi. L'opération se répète tous les 50 mètres environ, jusqu'à ce que l'ensemble des nacres arrivent à la bonne profondeur, et nous occupe plus de 5 heures.
Pour nous remercier Herman et sa femme Honorine nous offrent 4 pots de poissons salés, une spécialité qu'ils ont mis au point et vendent sur Tahiti,
mais surtout nous convient à un "four tahitien" , c'est à dire un repas de viandes et légumes cuits sur des pierres chaudes enfouies dans le sable.
Rendez vous est pris pour le samedi 6 février, après le passage de la goélette Mareva Nui dans la matinée.
La veille le vendredi une frénésie s'empare de tous les habitants de l'île, de 7 à 77 ans, tout le monde va pêcher, qui au fusil, qui à la ligne.
La pêche de Mickaël et Lucien |
Tous ont des commandes de poissons, familles ou restaurateurs de Tahiti et d'ailleurs, qu'il faut honorer.
A Raraka, pas de chambre froide, les poissons sont simplement conservés dans de la glace pilée et entassés dans de vieux congélateurs hors d'usage installés en plein cagnard sur le quai. La conservation est donc limitée dans le temps, d'où cette furie collective qui s'empare de la population et se prolonge tard dans la nuit, sale temps pour les perroquets et autres cousins.
Marina, la tortue mascote profite largement de l'événement |
Herman nous donne la plus grosse prise |
Quand la goélette arrive la pêche est transférée dans divers contenant plus ou moins isolés et stockés dans le congélateur du Mareva Nui.
Tous les "Rakaiens" ont commandé des vivres et un marché improvisé s'installe sur le port sous la surveillance du Capitaine qui veille à ce que chacun récupère son dû et rien d'autre.
Quand tout le monde est servi nous faisons nos achats |
Tous sont un peu fébriles, le prochain passage du cargo aura lieu le 15 mars, d'ici là aucun ravitaillement et certaines denrées manquent à l'appel.
Le subrécargue paie immédiatement en espèce le coprah apporté par les îliens |
La goélette est ancré au large, le déchargement se fait par barge (la passe est trop étroite pour qu'elle puisse entrer dans le lagons) |
les sacs de coprah rejoignent la goélette |
Herman et ses fils transfèrent les poissons gelés dans des sacs |
les sacs sont chargés sur la barge, la chaîne du froid en prend un coup... |
Une palette entière de poissons péchés par la famille Tehei |
Il n'y a plus de pomme de terre, plus d'oignon et pire Honorine ne reçoit pas "sa viande de cochon" pourtant dûment commandée et qui doit servir au four polynésien.
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Honorine, sa belle fille Tiareva et une voisine |
Tout le monde est fatigué... |
On nage parfois presque collés au récif, ça permet de bien voir les poissons |
Poissons papillons "ratons laveurs" |
2 mérous |
Une murène se fait nettoyer |
Poisson chèvre |
Poisson empereur en plein repas |
Ici les jours raccourcissent, donc rallongent pour vous, nous espérons que cela vous remonte le moral.
Bises à tous.
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